Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Roi et le Fermier[1] ; Rose et Colas[2], Annette et Lubin[3]. J’ai reconnu dans cette pièce M.  l’abbé de Voisenon : c’est la meilleure de toutes, à mon gré ; il n’y a que lui qui puisse avoir tant de grâces. Je ne m’attendais pas à voir tout ce que j’ai vu dans mes déserts.

L’amitié dont vous daignez m’honorer, madame, est ce qui me flatte davantage, et qui fait le charme de ma vieillesse et de ma retraite. Votre caractère est au-dessus de vos charmes ; je suis amoureux de votre âme, il ne m’appartient pas d’aller plus loin.

Je pris la liberté de vous remettre à votre départ de Ferney une petite requête pour M. de Saint-Florentin, en faveur d’une malheureuse famille huguenote. Le père a été vingt-trois ans aux galères pour avoir donné à souper et à coucher à un prédicant ; la mère a été enfermée, les enfants réduits à mendier leur pain. On leur avait laissé le tiers du bien pour les nourrir ; ce tiers a été usurpé par le receveur des domaines. Il y a de terribles malheurs sur la terre, madame, pendant que ceux qu’on appelle heureux sont dévorés de passions ou d’ennui.

Si vous n’êtes pas assez forte (ce que je ne crois pas) pour toucher la pitié de M.  de Saint-Florentin, j’ose vous demander en grâce de joindre M.  le maréchal de Richelieu à vous. M.  de Saint-Florentin est difficile à émouvoir sur les huguenots. Vous aurez fait une très-belle action si vous parvenez à rendre la vie à cette pauvre famille. Soyez sûre, madame, que vous n’êtes pas faite seulement pour plaire.

Agréez, madame, mon très-sincère respect, et un attachement plus inaltérable que les plus grandes passions que vous ayez pu inspirer.


6500. — À M.  NANCEY,
cordelier à dijon.
1er septembre.

Saint François d’Assise, monsieur, serait bien étonné de voir un de ses enfants qui fait de si bons vers français, et moi, j’en suis très-édifié ; il vous mettrait en pénitence, et je vous donne-

  1. Opéra-comique de Sedaine et Monsigny, joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 22 novembre 1762.
  2. Opéra-comique, des mêmes auteurs, joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 8 mars 1764.
  3. Opéra-comique de Mme  Favart et, Martini, joué, pour la premiére fois, à la Comédie-Italienne le 15 février 1762.