Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome44.djvu/60

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gères un éclaircissement sur les secrétaires d’ambassade, et surtout sur celle de Venise ; je vous réitère ma très-humble prière.

Je crois, ou du moins on croit ici, que Montpéroux, résident à Genève, n’a pas longtemps à vivre : il est attaqué d’une jaunisse à la suite d’une apoplexie. Il y a un M. Astier, commissaire de marine en Hollande ; c’est un philosophe, et de plus un homme très-sage et très-aimable. Si M. de Montpéroux succombait, si vous protégiez M. Astier, M. le duc de Praslin ne pourrait faire un meilleur choix.

J’avoue qu’il me serait dur de me transplanter à mon âge ; mais il le faudrait bien, si on me chicanait : vos bontés me rassurent.

Permettez que j’insère ici ce petit mot pour Lekain.


6095. — À M.  LEKAIN.
26 auguste.

M. Lekain sera servi comme il le désire par le jeune homme dont nous avons si souvent parlé : il ne perdra rien pour attendre, et il n’attendra pas longtemps.

Mlle  Clairon a joué Électre d’une manière si supérieure et si étonnante qu’elle m’a fait aimer cette pièce. Il n’y manquait que M. Lekain.

Je le prie instamment de me faire l’amitié de compulser les registres de la Comédie ; on veut savoir quel jour et combien de fois on l’a jouée, soit à Paris, soit à la cour, et le produit des chambrées ; je lui serai très-obligé s’il veut bien se donner cette peine.

Je l’embrasse du meilleur de mon cœur. V.


6096. — À M.  D’ALEMBERT.
28 auguste.

Mon très-cher et vrai philosophe, je m’intéresse pour le moins autant à votre bien-être qu’à votre gloire : car, après tout, le vivre dans l’idée d’autrui ne vaut pas le vivre à l’aise. Je me flatte qu’on vous a enfin restitué votre pension, qui est de droit ; c’était vous voler que de ne vous la pas donner. Il y a des injustices dont on rougit bientôt : celle qu’on faisait à la famille des Calas de s’opposer au débit de son estampe[1] était encore un vol

  1. La gravure de la famille des Calas, faite sur le dessin de Carmontelle, se vendait au profit de cette famille.