Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/129

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m’a mandé qu’il serait bientôt prêt, malgré l’affaire de la Caïenne[1], qui lui prend tout son temps. Il est humain, il est philosophe et bon juge ; je compte sur lui comme sur vous. Vous aurez la gloire d’écraser deux fois le fanatisme ; et les protestants, éclairés d’ailleurs par votre excellent mémoire contre M. de La Roque, ne seront plus fâchés contre Mme de Beaumont, à qui je présente mes très-tendres respects.

N. B. Vous ferez très-bien d’avertir, par une note, que ces longs délais ne doivent être imputés ni aux Sirven ni à vous. La note est nécessaire, et je vous en remercie. Je vous suis aussi tendrement attaché que si j’avais vécu avec vous.

6754. — À M. DAMILAVILLE.
16 février.

L’article de votre lettre du 10, concernant un intendant, m’étonne autant qu’il m’afflige. Je crois qu’il sera bon, dans l’occasion, de lui faire parler fortement en votre faveur, sans paraître instruit de ce que vous me mandez. Il m’était venu voir à Ferney, et j’en avais été très-content. Je me flatte encore qu’il ne sera pas difficile de le ramener.

Je ne connais point M. Cassen[2] ; j’étais fort content de M. Mariette, et je vous prie instamment de le lui dire ; mais il faut laisser faire M. de Beaumont, et ne le pas décourager. Il est actif, sa gloire est intéressée au succès ; il est ami de M. Cassen ; il fait encore travailler M. Target, qui est, dit-on, un excellent avocat, et qui doit donner un factum en faveur des filles de Sirven.

Je vous demande deux grâces, mon cher ami : c’est de voir Mariette pour le consoler, et Target et Cassen pour les remercier. J’ai très-bonne opinion du procès. Je suis persuadé que les maîtres des requêtes mettront ce dernier fleuron à leur couronne civique. M. de Beaumont croit m’apprendre qu’il a obtenu pour rapporteur M. Chardon ; et il y a près d’un mois que M. Chardon m’a mandé qu’il était rapporteur. Il paraît prendre l’affaire des Sirven à cœur autant que nous-mêmes. Il m’a fait

  1. Voltaire reparle de cette affaire dans la lettre 6815.
  2. Pierre Cassen, avocat au conseil du roi, est mort à Paris le 23 décembre 1767, âgé de quarante ans. C’est sous son nom que Voltaire fit, en 1768, imprimer sa Relation de la mort de La Barre ; voyez tome XXV, page 503.