Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/149

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les blés mérite notre reconnaissance, et plus nous en devons aussi au Dictionnaire encyclopédique, qui démontre en tant d’endroits les avantages de cette exportation. Il est certain que c’est le plus grand encouragement qu’on pût donner à l’agriculture. Je le sens bien, moi qui suis un des plus forts laboureurs de ce petit pays.

Je suis, pour les Scythes, à peu près dans le même cas où Beaumont est pour son mémoire. J’éprouve des difficultés de la part de mes avocats ; et ce qui finirait en deux jours si j’étais à Paris, traîne des mois entiers : voilà pourquoi vous n’avez point eu les Scythes. On dit que le tragique est absolument tombé ; je n’ai pas de peine à le croire.

M. le chevalier de Chastellux est une belle âme. Il a des parents qui ne sont pas si philosophes que lui. Je vous assure qu’on l’a échappé belle, et qu’il y avait là de quoi perdre un homme sans ressource. Je suis affligé que vous n’ayez rien à me dire de Platon[1] sur toutes les occasions que je saisis de lui rendre justice.

Voici les propres mots d’une lettre de l’impératrice de Russie, en m’envoyant son édit sur la tolérance[2] : « L’apothéose n’est pas si fort à désirer qu’on le pense ; on la partage avec des veaux, des chats, des ognons, etc., etc., etc. Malheur aux persécuteurs ! ils méritent d’être rangés avec ces divinités-là. » Elle m’ajoute que « les suffrages de MM. Diderot et d’Alembert l’encouragent beaucoup à bien faire ».

Voici le premier chant de la Guerre de Genève, puisque vous voulez vous amuser de cette plaisanterie.

6773. — À M. LE COMTE DE TRESSAN.
À Ferney, 28 février.

Votre souvenir m’a bien touché, monsieur, et votre ouvrage[3] a fait sur moi l’impression la plus tendre. Voilà comme je voudrais qu’on fît les oraisons funèbres. Il faut que ce soit le cœur qui parle ; il faut avoir vécu intimement avec le mort qu’on regrette.

C’étaient les parents ou les amis qui faisaient les oraisons funèbres chez les Romains. L’étranger qui s’en mêle a toujours

  1. Diderot.
  2. Du 9 de janvier 1767.
  3. Portrait historique de Stanislas le Bienfaisant, 1767, in-8o.