Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
sozame.

Je n’en apprend que tropJe vous l’ai déclaré[1] :
Je respecte un usage en ces lieux consacré ;
Mais des sévères lois par vos aïeux dictées,
Les têtes de nos rois pourraient être exceptées.

le scythe.

Plus les princes sont grands, etc.

Au reste, je ne compte sur le rôle d’Obéide qu’autant que vous voudrez bien conduire l’actrice. Vous avez reçu sans doute l’imprimé en marge duquel j’ai écrit mes petites indications. Ce personnage exige une douleur presque toujours étouffée, des repos, des soupirs, un jeu muet, une grande intelligence du théâtre. Ce n’est guère qu’au cinquième acte que ses sentiments se déploient sur le pont aux ânes des imprécations, pont aux ânes que l’on passe toujours avec succès.

Mme Denis vous fait mille compliments ; elle ne joue plus la comédie, ni moi non plus ; mais M. de La Harpe est un excellent acteur. Je vous embrasse de toute mon âme.

6779. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Du 3 mars.

Sire, j’entends très-bien l’aventure des Deux Chiens[2], et je l’entends d’autant mieux que je suis un peu mordu. Mes petites possessions touchent aux portes de Genève. Tout commerce est interrompu par cette ridicule guerre ; elle n’ensanglante pas encore la terre, mais elle la ruine. Vos chiens répondent très-pertinemment à nos héros français et bernois. Il est certain que si les animaux raisonnaient avec les hommes, ils auraient toujours raison, car ils suivent la nature, et nous l’avons corrompue.

À l’égard du Violon[3], je crains de n’entendre pas le mot de l’énigme. Est-ce le roi de Pologne, qui, ne pouvant pas lui-même venir à bout de ses évêques, s’est voulu secrètement appuyer de Votre Majesté, de la Russie, de l’Angleterre, et du Danemark, et qui n’est actuellement appuyé que de la Russie ? Est-ce l’impé-

  1. Voyez tome VI, page 334.
  2. Voyez, dans les Œuvres posthumes de Frédéric, la fable intitulée les Deux Chiens et l’Homme.
  3. Voyez, dans les Œuvres posthumes de Frédéric, le conte du Violon.