Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant contre Fantet avec toute la sévérité de la loi, a rempli tous les devoirs de la justice, qui doit rechercher les coupables, et ne pas souhaiter qu’il y ait des coupables. Cette conduite lui attire les bénédictions de toutes les provinces voisines.

J’ai interrompu cette lettre, monsieur, pour lire en public les remontrances que votre parlement fait au roi sur cette affaire. Nous les regardons comme un monument d’équité et de sagesse, digne du corps qui les a rédigées, et du roi à qui elles sont adressées. Il nous semble que votre patrie sera toujours heureuse quand vos souverains continueront de prêter une oreille attentive à ceux qui, en parlant pour le bien public, ne peuvent avoir d’autre intérêt que ce bien public même dont ils sont les ministres.

J’ai l’honneur d’être bien respectueusement, monsieur, etc.

D…,
du conseil des Deux-Cents.

P. S. Nous avons admiré le factum en faveur de Fantet. Voilà monsieur, le triomphe des avocats : faire servir l’éloquence à protéger sans intérêt l’innocent, couvrir de honte les délateurs, inspirer une juste horreur de ces cabales pernicieuses qui n’ont de religion que pour haïr et pour nuire, qui font des choses sacrées l’instrument de leurs passions : c’est là sans doute le plus beau des ministères. C’est ainsi que M. de Beaumont défend à Paris l’innocence des Sirven après avoir si glorieusement combattu pour les Calas. De tels avocats méritent les couronnes qu’on donnait à ceux qui avaient sauvé des citoyens dans les batailles. Mais que méritent ceux qui les oppriment ?

6819. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
À Ferney, 1er avril.

J’ai reçu, mon chevalier, une quantité prodigieuse de paquets contre-signés, depuis deux mois, tantôt vice-chancelier, tantôt ministres, tantôt Sartines. Je me souviens, entre autres, d’un imprimé fort éloquent sur les évocations. Je ne crois pas qu’il fût accompagné d’une lettre de vous.

On me rend d’ordinaire toutes les lettres qui me sont adressées, et surtout celles qui sont à contre-seing. Il me semble n’en avoir point reçu de vous depuis le mois de février. Si ma mémoire me trompe, si ma mauvaise santé me rend négligent, daignez me plaindre ; si je n’ai pas reçu vos lettres, plaignez-moi