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ANNÉE 1767

pièce ne fût point faite du tout pour Paris, il faut pourtant témoigner sa reconnaissance à celui qui s’est donné tant de peine pour si peu de chose. Je suppose que la pièce a quelque succès : si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager ; vous n’avez qu’à parler.

Je voudrais vous avoir donné un meilleur ouvrage ; mais, à mon âge, on ne fait ce que l’on veut en aucun genre ; on boit tristement la lie de son vin.

Mandez-moi, le plus tôt que vous pourrez, quel est l’auteur[1] du Supplément à la Philosophie de l’Histoire de feu M. l’abbé Bazin, mon cher oncle. C’est un digne homme, qui mérite de recevoir incessamment de mes nouvelles ; mais vous me ferez plus de plaisir de me donner des vôtres.

N. B. Je suis bien fâché contre vous de ce que, dans votre Avant-Coureur, vous imprimez toujours français par un o. Je vous demande en grâce de distinguer mon bon patron saint François d’Assise de mes chers compatriotes. Imprimez, je vous en prie, anglais, français. Si j’osais, j’irais jusqu’à vous prier de mettre un a à tous les imparfaits, etc. ; mais je ne suis pas encore assez sûr de votre amitié pour vous proposer une si grande conspiration.

6868. — À M. DE BELMONT[2].
Sans date (1767, avec le timbre de Genève).

M. ***, qui veut bien se charger du rôle de Sozame dans la tragédie des Scythes, est prié de corriger ces deux vers qui se trouvent sur son rôle au premier acte :

Nous partons dans la nuit, nous traversons le Phase,
Elle affronte avec moi les glaces du Caucase.

Le Caucase et le Phase sont trop loin de la route que Sozame a prise : c’est une faute de géographie qu’on doit absolument rectifier ; on a mis à la place :

Nous partons ; nous marchons de montagne en abîme ;
Du Taurus escarpé nous franchissons la cime[3].

  1. Cet ouvrage est de Larcher ; voyez l’avertissement de Beuchot, tome XI.
  2. Lettres inédites de Voltaire, Gustave Brunet, 1840.
  3. C’est ainsi que ces vers (acte I, scène iii) se trouvent dans la présente édition ;
    voyez tome VI, page 284.