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ANNÉE 1767

la Poétique[1]. Que de leçons elle nous donne ! Votre digne Suisse[2] m’a écrit une lettre charmante. Il s’estime heureux d’avoir vu ces grandes scènes où Votre Majesté a joué si supérieurement son rôle. Pour moi, je l’estime plus heureux d’être chaque jour aux pieds de mon héros, s’occupant du bonheur de son peuple.

6871. — DE MADAME VEUVE DUCHESNE[3].
À Paris, le 2 mai 1767.

Monsieur, ce n’était pas sur la lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire ce mois dernier que je comptais avoir raison de mes justes plaintes, mais bien, monsieur, dans votre justice. Je sais que les louanges, quoiqu’elles vous soient dues, ne vous affecteront jamais au point de vous faire faire ce que votre équité n’approuve pas. J’ai donc fondé mon espérance plus dans vous-même que dans les plus belles phrases que j’aurais pu employer à ce sujet. Je ne connais rien autre que la vérité.

Certainement, mon intention est la plus ferme de ne jamais réimprimer aucun de vos ouvrages sans vous en faire part, et prendre en conséquence les avis que vous voudrez bien me communiquer. Ce n’est que par un malentendu, et l’éloignement les uns des autres, si jusqu’à présent il en a été agi autrement : chose pour laquelle je vous supplie, monsieur, d’en faire un oubli général par la promesse la plus sincère que je vous fais que vous aurez lieu d’être content par la suite.

Comme je veux absolument rendre moins défectueux ce qui me reste de cette édition de votre théâtre, j’ai envoyé à M. Thieriot un exemplaire, pour qu’il ait la bonté d’y sabrer généralement tout ce qu’il jugera à propos d’après vos intentions ; et comme le tome V sera quasi refait, je vous supplie, monsieur, de me faire savoir si je puis mettre à la fin de ce tome la pièce des Scythes, ainsi que toute autre chose, pour rendre cette édition au gré de vos désirs : ceci ne sera cependant qu’en attendant la belle édition que je me propose de faire immédiatement après la Henriade.

À propos de la Henriade, M. Thieriot a bien voulu se charger de vous

    contenu. La lettre de d’Alembert à Frédéric, du 10 avril de la même année, nous apprend que ce fut en effet vers ce temps que le roi envoya à Marmontel ses observations sur la Poétique de cet écrivain. Cependant M. Beuchot a inséré ce fragment dans une lettre de Voltaire à Frédéric qui est réellement du 31 juillet 1772, date sous laquelle elle est placée avec raison dans l’édition de Kehl ; mais l’habile éditeur français a commis la même erreur que les éditeurs de Bâle, en assignant à cette lettre la date du 2 mai 1767, à laquelle n’appartient que le fragment qui nous occupe. (Œuvres de Frédéric le Grand, note de l’édition Preuss.)

  1. La réponse aux remarques de Frédéric se trouve dans les Œuvres complètes de Marmontel, Paris, 1820, tome VII, iie partie, pages 828-831.
  2. De Catt était Suisse ; voyez tome XL, page 69.
  3. Dernier Volume des œuvres de Voltaire, 1862.