Mon cher ami, ce qu’un homme qui a été historiographe de France doit à la maison royale, à la patrie, à la vérité, m’a forcé de publier ce mémoire. Les nouvelles accumulations des horreurs de La Beaumelle m’ont imposé ce devoir. Je suis fâché que ce coquin ait séduit et épousé la fille de l’avocat Lavaysse ; mais il faut savoir réprimer le crime de la même main dont on soutient l’innocence. Cela est triste, mais cela est indispensable.
J’ai écrit à M. d’Aguesseau : je n’ai pas un moment à moi. Je fais la guerre en mourant.
Madame, les nouvelles horreurs de La Beaumelle contre votre auguste maison, et contre ce que nous avons de plus respectable dans le monde, m’obligent de mettre à vos pieds ce mémoire. Je demande à Votre Altesse sérénissime la permission de confirmer la vérité de la conduite que ce malheureux tint à Gotha. Cela est important pour ma justification, et j’espère que Votre Altesse sérénissime ne refusera pas cette grâce à un vieillard qui lui est si attaché. Agréez, madame, la reconnaissance et le profond respect que je dois à Votre Altesse sérénissime.
Monseigneur, je suis trop respectueusement attaché à votre auguste nom, et à la personne de Votre Altesse sérénissime, pour ne pas lui donner avis que La Beaumelle, retiré à présent au pays de Foix, dans la petite ville de Mazères, fait réimprimer à Avignon le livre abominable[4] dans lequel ce calomniateur ose accuser monseigneur le duc, votre père, d’avoir fait assassiner