Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/33

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Mme de Florian dès que vous l’aurez lue avec Platon. Vous savez qu’il est question de lui dans la préface.

Je vous embrasse de tout mon cœur.


6657. — À M. DAMILAVILLE.
Jeudi matin, 8 janvier.

Mon cher ami, en attendant que je lise une lettre de vous, que je compte recevoir aujourd’hui, il faut que je vous communique une réponse que j’ai été obligé de faire à M. de Pezay[1], au sujet des vers de M. Dorat, que vous devez avoir vus, et qui ne sont pas mal faits. Vous verrez si j’ai tort de regarder J.-J. Rousseau comme un monstre, et de dire qu’il est un monstre. Le grand mal, dans la littérature, c’est qu’on ne veut jamais distinguer l’offenseur de l’offensé. M. Dorat a ses raisons pour suivre le torrent, puisqu’il s’y laisse entraîner, et qu’il m’a offensé de gaieté de cœur, sans me connaître.

J’arrête ma plume, en attendant votre lettre, et je vous prie de communiquer à M. d’Alemhert celle que j’ai écrite à M. de Pezay, avant que M. Dorat m’eût demandé pardon.

Nous avons reçu votre lettre du 3 de janvier. Nos alarmes et nos peines ont été un peu adoucies, mais ne sont pas terminées.

Il n’y a plus actuellement de communication de Genève avec la France ; les troupes sont répandues par toute la frontière ; et, par une fatalité singulière, c’est nous qui sommes punis des sottises des Genevois. Genève est le seul endroit où l’on pouvait avoir toutes les choses nécessaires à la vie ; nous sommes bloqués, et nous mourons de faim : c’est assurément le moindre de mes chagrins.

Je n’ai pas un moment pour vous en dire davantage. Tout notre triste couvent vous embrasse.


6958. — À M. DORAT.
À Ferney, ce 8 janvier.

Monsieur, à la réception de la lettre dont vous m’avez honoré, j’ai dit, comme saint Augustin : Ô felix culpa[2] ! Sans cette petite échappée dont vous vous accusez si galamment, je n’aurais point eu votre lettre, qui m’a fait plus de plaisir que l’Avis aux deux

  1. Voyez lettre 6632.
  2. Voyez la note 3, tome XXIX, page 582.