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CORRESPONDANCE.

les pays étrangers. Il est cité par tous les compilateurs d’anecdotes, et la calomnie qui n’a pas été réfutée passe pour une vérité. Tous ceux qui ont été employés dans les affaires étrangères, et particulièrement M. l’abbé de La Ville, sont bien convaincus de ce que je vous dis ; ils en ont vu des exemples frappants. Il ne s’agit point du tout de moi dans cette affaire, il s’agit de l’honneur de la maison royale. Le fou de Verberie[1], qu’on a fait pendre, était bien moins coupable que La Beaumelle.

Ne vous imaginez pas, dans votre chambre à Versailles, que les ouvrages de ce faquin soient inconnus ; on en a fait plusieurs éditions ; ils sont traduits en allemand. Je ne sais si les nouveaux mémoires de Mme de Maintenon, qui viennent de paraître, sont de lui ; c’est le même style et la même insolence.

J’avoue que ces calomnies me révoltent plus que personne. Je ne dois pas souffrir qu’on couvre d’ordures le monument que j’ai élevé à la gloire de ma patrie. Il est bien étrange qu’un prédicant de la petite ville de Mazères, du pays de Foix, insulte impunément, de son grenier, tous nos princes et les plus illustres maisons du royaume.

Je vous prie instamment de communiquer ma lettre à M. de La Touraille, et de l’engager à regarder les choses de l’œil dont tous ceux qui s’intéressent comme lui à la maison de Condé les regardent.

7008. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 9 septembre.

Rendez à César ce qui appartient à César[2].

J’avoue, monseigneur, que l’impertinence[3] est extrême. S’il sait si bien l’histoire, il doit savoir que le secrétaire d’État Villeroy écrivait monseigneur aux maréchaux de France.

Incessamment Galien pourra vous écrire avec la même noblesse de style, dès qu’il aura fait une petite fortune. Je ne manquerai pas d’exécuter vos ordres. Vous savez peut-être qu’en qualité de Français je ne puis aller à Genève : cela est défendu ;

  1. Rinquet.
  2. Matthieu, xxii, 21.
  3. M. Hennin, sur l’adresse d’une lettre pour le maréchal de Richelieu, avait mis : À monsieur le maréchal de Richelieu. Celui-ci, qui tenait beaucoup au monseigneur, en voulut longtemps à Hennin, malgré les explications qui furent données ; voyez la note 2 de la page 342.