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CORRESPONDANCE.

Je suis, madame, bien véritablement votre très-humble et très-obéissant serviteur.

7010. — À M. DE CHENEVIERES[1].
12 septembre.

Permettez-moi, mon cher ami, que je vous parle encore de M. Barrau[2]. Il y a certainement un M. Barrau au dépôt des affaires étrangères, homme très-instruit et très-exact, et qui m’a donné de fort bons avis pour le Siècle de Louis XIV. Mandez-moi, je vous prie, si vous lui avez fait tenir ma lettre.

Aurez-vous la comédie à Fontainebleau ? On dit qu’il y a de belles nouveautés : les Illinois, Guillaume Tell et Eugénie[3], qui doivent vous faire grand plaisir. Je ne les ai pas vues ; mais on m’a dit que le Mercure en disait beaucoup de bien[4].

7011. — À M. DAMILAVILLE.
12 septembre.

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 5, et je suis pénétré d’une double peine, la vôtre et la mienne. Vous avez à vous plaindre de la nature, et moi aussi. Nous sommes tous deux malades ; mais je suis au bout de ma carrière, et vous voilà arrêté au milieu de la vôtre par une indisposition qui pourra vous priver longtemps de la consolation du travail, consolation nécessaire à tout être qui pense, et principalement à vous, qui pensez si sagement et si fortement.

N’êtes-vous pas à peu près dans le cas où s’est trouvé M. Dubois ? n’a-t-il pas été guéri ? n’y a-t-il pas un homme dans Paris qu’on dit fort habile pour la guérison des tumeurs ? Mandez-moi, je vous prie, quel parti vous prenez dans cette triste circonstance.

Malgré mes maux, je m’égaye à voir embellir, par des acteurs qui valent mieux que moi, une comédie[5] qui ne mérite pas leurs peines. Nous avons trois auteurs dans notre troupe. Vous m’avouerez que cela est unique dans le monde ; et ce qu’il y a de beau encore, c’est que ces trois auteurs ne cabalent point les

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voyez la lettre du 11 août.
  3. Drame de Beaumarchais.
  4. Phrase ironique. (G. A.)
  5. Charlot, ou la comtesse de Givry ; voyez tome VI, page 341.