Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/52

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Est-il possible que vous nous proposiez de faire par lettres, à cent trente lieues d’éloignement, ce que vous pouvez faire de vive voix à Paris en deux minutes !

Nous ne demandons la prompte révocation de Janin qu’afin qu’il ne puisse apprendre le nom de Mme Le Jeune au bureau de Collonges, et vous restez tranquille !

4° Vous ne dites point quel est le président du bureau ; et vous devez bien présumer que nous le saurons sans vous, et que nous le saurons trop tard[1].

N. B. Nous l’apprenons dans le moment, et nous aurions tremblé à ce nom, sans M. de Praslin et M. de Chastellux.

5° Nous sommes aux pieds de M. le duc de Praslin, mais nous serions aussi à son cou s’il avait parlé d’abord à monsieur le vice-chancelier[2].

6° S’il était nécessaire que moi V. j’allasse arranger mes affaires avec M. le duc de Wurtemberg, vous concevez bien que les discours de Paris ne m’en empêcheraient pas. Il est vrai que je suis bien malade, et que je risquerais ma vie au milieu des neiges ; mais si on me persécutait à soixante-treize ans, cette vie ne mériterait pas d’être conservée[3].

7° Permettez-nous d’insister plus que jamais sur la saisie de l’équipage de Mme Denis. Vous ne connaissez pas encore une fois la province où nous sommes. Cette saisie et la raison de la saisie ne lui permettraient pas de rester dans un château que j’ai bâti à si grands frais. Il faudrait tout abandonner, et j’irais certainement mourir dans les pays étrangers.

8° Moi V., je vous, conjure à présent de songer aux Scythes plus que jamais. C’est précisément dans ce temps-ci qu’il faut qu’ils paraissent pour faire diversion ; il est absolument nécessaire ou qu’on les joue ou qu’on les débite.

Vous ne m’avez point accusé réception des deux exemplaires adressés à M. le duc de Praslin ; je lui en ai adressé encore un troisième, avec les directions nécessaires pour les acteurs. Puisse cette pièce être jouée comme elle va l’être à Ferney ! M. et Mme de La Harpe sont des acteurs excellents, et tout le reste est fort bon.

Maintenant vous me demanderez peut-être comment je ne

  1. M. d’Argental répond en marge : « On ne l’a point nommé parce que cela ne pouvait servir qu’à inquiéter. »
  2. Note de M. d’Argental : « M. de Praslin n’était point à portée de parler au vice-chancelier ; sa recommandation aurait tout gâté. »
  3. Note de M. d’Argental : « Le duc est parti pour Venise ; ainsi le prétexte serait tout trouvé. »