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ANNÉE 1767

Réjouissez-vous bien, monsieur, il n’y a que cela de bon après tout. J’envie le bonheur de M. de Chenevières, qui jouit du bonheur de vous voir quelquefois. Je ferais exprès le voyage de Paris, si ma santé, absolument perdue, me permettait de venir vous dire qu’il n’y a point de vieillard en Bourgogne qui vous soit attaché avec une plus respectueuse tendresse que le bonhomme V.

7207. — À M. HENNIN.
À Ferney, 15 mars.

Il est vrai, monsieur, que Ferney est à vendre, qu’on en a déjà offert beaucoup d’argent, et que j’en ai dépensé bien davantage pour rendre la maison aussi agréable et la terre aussi bonne qu’elles le sont aujourd’hui. Il est encore vrai que je la donnerai à celui qui m’en offrira le plus ; le tout, pour faire des rentes à maman[1] : car pour moi, je ne dois penser qu’à mourir. Tout ce que je puis dire, c’est que quiconque achètera Ferney fera un excellent marché. Je pourrais en ce cas habiter Tournay, car je ne puis plus passer qu’à la campagne le peu de temps qui me reste à vivre.

7208. — FOLIE À M. LE DUC DE CHOISEUL.
16 mars.

J’ai reçu avec satisfaction la lettre de bonne année que vous avez pris la peine de m’écrire, en date du 4 de janvier. Je continuerai toujours à vous donner des marques de mes bontés ; et, quoique vous radotiez quelquefois, j’aurai de la considération pour votre vieillesse, attendu que je connais votre sincère attachement pour ma personne, et les idées que vous avez de mon caractère. J’ai souvent fait des grâces à des Genevois quand vous m’en avez prié, quoiqu’ils ne les méritent guère. Ils m’ont excédé pendant deux ans pour leurs sottes querelles ; et quand ils ont obtenu un jugement définitif, ils ne s’y sont point tenus : c’était bien la peine que je leur fisse l’honneur de leur envoyer un ambassadeur du roi !

Je sais que vous avez très-bien traité les troupes que j’ai fait séjourner neuf mois dans vos quartiers ; que vous avez fourni le prêt à la légion de Condé ; que vous avez eu dans votre chau-

  1. Mme Denis.