Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/88

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à Versailles. Je n’en ai point écrit à M. le duc de Choiseul, et depuis sa lettre sur les Scythes, je n’ai point eu de nouvelles de lui[1].

Je m’étais flatté que, si les Scythes réussissaient, ce succès pourrait faire une diversion heureuse et détourner la persécution qui menace une tête de soixante-treize ans et un corps de quatre-vingt-dix. Je peux m’être trompé en cela ; mais au moins ce succès sera une consolation que je recommande à vos bontés généreuses. Mon attachement et ma tendresse pour vous sont une consolation bien supérieure à tous les succès possibles.

N. B. Vous savez quelle est à présent la persécution de tout ce qui a rapport à cette affaire ; un homme de Lorraine, très-protégé, vient d’être conduit en prison à Paris.

6707. — À M. ***[2].

Monsieur, puisque monsieur l’abbé votre cousin m’a ordonné de chercher les brochures qui s’impriment actuellement en Hollande contre notre sainte religion catholique, apostolique et romaine, et qu’il demande ces matériaux pour achever l’excellent livre qu’il a déjà commencé en faveur du concile de Trente, j’ai l’honneur de vous adresser pour lui les infamies ci-jointes, que monsieur l’abbé votre cousin confondra comme elles le méritent.

C’est une vraie consolation pour moi de coopérer à ce saint œuvre, en fournissant à monsieur l’abbé votre cousin des ennemis nouveaux à terrasser. Je me recommande à ses prières et à celles de toute votre famille. Ma femme, ma fille, et mon fils le greffier, nous vous présentons nos obéissances. J’ai l’honneur d’être, à mon particulier, très-sincèrement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Christophe Brounas.
  1. On lit en renvoi : « J’en ai dans le moment, et je suis très-content de lui. Il nous délivre de la famine. Je ne lui ai point parlé de la Doiret. »
  2. La personne à qui cette lettre fut adressée en fit une copie qu’elle joignit à nu exemplaire du Recueil nécessaire (voyez n° 6473) que Voltaire lui avait envoyé avec cette lettre, en 1767. C’est d’après cette copie, qui toutefois n’est pas signée, que je publie cette plaisanterie, qui est cependant bien une lettre. L’abbé Mignot, neveu de Voltaire, est auteur d’une Histoire de la réception du concile de Trente dans les États catholiques, 1756, deux volumes in-12 ; nouvelle édition, 1766, deux volumes in-12. (B.)