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ANNÉE 1768.

On dit que la mortalité est fort grande sur les ouvrages nouveaux ; mais, Dieu merci, nous avons un bon Mercure. Ce monsieur Lacombe est un homme qui a beaucoup d’esprit ; son prédécesseur[1] était un bœuf, qui, dit-on, labourait fort mal sa terre. Je vous souhaite prospérité, santé, argent, et plaisir. Je vous aime une fois plus depuis que je sais que vous avez été visiter les saints lieux.

J’ai vu un petit livret[2] où il me paraît prouvé que notre saint-père le pape n’a nul droit de suzeraineté sur le royaume de Naples.

Non nostrum inter vos tantas componere lites.

(Virg., ecl. iii, v. 108.)
7315. — À M. LE PRÉSIDENT DE BROSSES[3].
Du 19 auguste 1768, à Ferney.

Je n’ai pas répondu plus tôt, monsieur, à votre lettre du 10 mai, parce que j’ai voulu avoir le temps de m’instruire. Je vous réponds quand je suis instruit.

Vous me dites que vous avez donné à Mme Denis, l’une de mes nièces, un désistement de la clause intolérable de votre contrat[4]. Elle donne des déclarations réitérées que jamais vous ne lui avez ni écrit, ni fait parler, ni fait écrire sur cette affaire essentielle.

Vous dites ensuite que c’est à M. Fargès, intendant de Bordeaux, que vous avez envoyé ce désistement, et qu’il a dû le donner à Mme Denis. J’ai écrit à M. Fargès : il me marque, par sa lettre du 11 juin, qu’il n’a jamais reçu un tel papier, que vous ne lui en avez jamais parlé, et qu’il ne s’agissait que d’un procès pour des moules de bois.

  1. La Place, à qui est adressée la lettre 4582.
  2. Les Droits des hommes et les Usurpations des papes, tome XXVII, page 193.
  3. Éditeur, Th. Foisset.

    — « Je donne cette lettre, dit M. Foisset, d’après la copie que Voltaire en avait transmise à M. Le Bault. L’original de cette lettre n’existe aucunement dans les papiers du président de Brosses. Il est douteux qu’il fût littéralement conforme a cette copie, car le ton qu’y prend Voltaire n’était pas de nature à obtenir la conciliation qui s’ensuivit. »

  4. La clause relative aux meubles que Voltaire aurait mis au château de Tournay. Cette réponse du président de Brosses, antérieure à toute médiation de la part de Legouz de Gerland, prouve qu’il ne tenait nullement à cette clause, la regardant dès longtemps comme abandonnée. (Th. f.)