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CORRESPONDANCE

rément la cause du genre humain ; et il n’y a que les ennemis des vivants et des morts qui puissent s’opposer à votre requête. Je l’ai fait lire à M. Hennin, résident à Genève ; il est frère de M. le procureur du roi de Versailles ; les deux frères pensent comme vous. Monsieur le chancelier a fait rendre un arrêt du parlement contre les morts, qui empuantissent les villes ; ainsi je crois qu’ils perdront leur procès. J’attends avec impatience un édit qui me permettra d’être enterré en plein air ; c’est une des choses pour lesquelles j’ai le plus de goût. Tant de choses se font contre notre gré à notre naissance et pendant notre vie, qu’il serait bien consolant de pouvoir au moins être enterré à son plaisir.

Je suis en attendant, avec toute l’estime que vous m’avez inspirée de mon vivant, monsieur, etc.

7356. — À M. D’ALEMBERT.
15 octobre.

Je ne sais plus où j’en suis, mon très-cher et très-aimable philosophe. J’écrivis, il y a quinze jours, à l’ami Damilaville[1], que des gens qui revenaient de Barèges prétendaient ces eaux souveraines pour les dérangements que les loupes et les autres excroissances peuvent causer dans la machine ; je le mandai sur-le-champ à notre ami. Je lui offris d’aller le prendre à Lyon, et de faire le voyage ensemble. J’adressai ma lettre à son ancien bureau du vingtième, adresse qu’il m’avait donnée ; je n’ai eu de lui aucune nouvelle. Ce silence me fait trembler : il faut qu’il ne soit pas plus en état d’écrire que de voyager. Je vous demande en grâce de me dire en quel état il est. Et vous, mon cher philosophe, comment vous portez-vous, que faites-vous ? La pluie des livres contre la prêtraille continue toujours à verse. Avez-vous lu la Riforma d’Italia[2], dans laquelle le terme de canaille est le seul dont on se serve pour caractériser les moines, per genus proprium et differentiam proximam ?

Vous connaissez le petit abrégé des usurpations papales, sous

    Versailles, imprimé dans l’opuscule intitulé Mémoire sur les sépultures hors des villes, ou Recueil de pièces concernant les cimetières de la ville de Versailles ; Versailles, Blaizot, 1774, in-8° de quatre-vingts pages.

  1. Cette lettre, qui est perdue, était un peu plus ancienne, si c’est celle qui est mentionnée dans le No 7326.
  2. Voyez la note 2, page 134.