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ANNÉE 1768.

le premier président du parlement et M. Le Gouz, irait de Lyon à Paris. J’en donnai sur-le-champ avis à M. Le Gouz ; mais on m’avait trompé. Les paquets iront en droiture. Le vôtre arrivera donc, quoique un peu tard ; notre commerce du pays de Gex n’est pas encore trop bien établi. Je suis toujours bien tenté de venir vous embrasser à Dijon ; mais j’ai bien peur que ma santé languissante ne me laisse que des désirs inutiles.

M. Le Gouz a obtenu, comme vous savez, du président de Brosses la moitié de ce qu’on désirait[1]. Il eût mieux fait de se désister entièrement qu’en partie. Il faut espérer qu’on l’engagera peu à peu à en agir généreusement. L’opiniâtreté qu’il met à soutenir une clause que tous ses amis et tous ses parents trouvent injuste et inadmissible suffirait seule pour m’empêcher d’aller à Dijon, où j’aurais le malheur de trouver un homme dont ma famille et moi nous avons tant de sujets de nous plaindre.

Il ne me reste, dans le triste état où je suis, que de vous renouveler, mon très-cher et très-généreux président, les tendres et respectueux sentiments que je conserverai pour vous tant que je vivrai.

7384. — DE M. D’ALEMBERT.
Ce 12 novembre.

J’ai reçu, mon cher maître, il y a déjà quelques jours, le Siècle de Louis XIV, augmenté du Siècle de Louis XV, et les Trois Empereurs de M. l’abbé Caille. Je vous prie de recevoir tous mes remerciements du premier, et de faire à M. l’abbé Caille tous mes remerciements du second. Ce jeune abbé me paraît en effet, comme à vous, promettre beaucoup par cet échantillon, qui pourtant a bien l’air de n’en être pas un : car je gagerais bien que ce n’est pas là un coup d’essai, et qu’il a déjà fait d’excellents vers. Je ne manquerai pas de faire ses compliments à Riballier, ou Ribaudier, qui, par parenthèse, vient de donner à une brochure sur l’inoculation une approbation qu’on dirait presque d’un philosophe[2].

  1. Le président de Brosses se départit de la clause qui lui donnait les meubles mis par Voltaire à Tournay. Mais il refusa de renoncera son droit sur les effets d’agriculture et sur les bestiaux, objets qui venaient de lui, et qui devaient lui faire retour en toute équité. (Th. F.)
  2. Dans l’Approbation de l’Opinion d’un médecin de la faculté de Paris sur l’inoculation de la petite vérole (1768, in-8° de vingt-quatre pages), Riballier, syndic de la faculté de théologie et censeur royal, dit :

    « J’ai trouvé cet écrit sage et bien réfléchi. Il me semble que c’est à quoi se réduit tout ce que l’on doit penser sur cette grande question. Quant aux considérations tirées de la religion, je crois que c’est mal à propos qu’on voudrait