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CORRESPONDANCE.

n’était pas suivi d’une voyelle ; le vers n’y est pas. On pourrait mettre sa fatigante humeur, ou son intraitable humeur.

L’on verra toujours le mariage.

Le vers n’y est pas ; mariage, en finissant le vers, est de trois syllabes.

Et contre lui j’exhale en vain ma rage.

Le mot de rage est trop fort ; on pourrait mettre :

En tous les temps le mariage
Sera tyran de l’univers,
Malgré les satires du sage.

L’envoi est fort joli ; mais le dernier vers qui finit par bénir ne rime point à satire, parce que l’on ne dit point bénire, mais bénir.

Voix ne rime point à toi, à cause de l’x, et parce que voix est long, et toi est bref ; on pourrait mettre :

Si le nœud de l’hymen me rangeait sous tes lois,
Si le nœJe serais loin de le maudire ;
Si le nœJe ferais entendre ma voix
Pour en faire l’éloge, et non pas la satire.

Vous ne pouvez faire de fautes, monsieur, que dans le mécanisme de notre langue et de notre poésie, qui est fort difficile. Vous n’en sauriez faire dans tout ce qui dépend du goût, du sentiment, et de la raison.

J’ai l’honneur d’être, avec l’estime la plus véritable et la plus respectueuse, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

7229. — À M. FISCHER,
intendant des postes de berne.
À Ferney, 5 avril.

Je vois, monsieur, par la lettre dont vous m’honorez, du 31 de mars, que je suis précisément comme le Bickerstaff de Londres, à qui le docteur Swift et le docteur Arbuthnot prouvèrent qu’il était mort. Il eut beau déclarer dans les papiers publics qu’il n’en était rien, que c’était une calomnie de ses ennemis, et qu’il se portait à merveille, on lui démontra qu’il était absolument mort ; que trois gazettes de torys et trois autres