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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/266

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CORRESPONDANCE.

On m’impute un A, B, C[1], auquel je n’ai nulle part ; mais je voudrais l’avoir fait, et qu’on n’en sût rien.

Je vous embrasse bien tendrement ; ma santé s’affaiblit tous les jours, et je crois que j’irai bientôt rendre mes respects à Corneille et à Racine.

7476. — À M. MARC-MICHEL REY[2],
libraire à amsterdam.
Ferney, 7 février.

On m’a dit monsieur, qu’on voulait réimprimer, en Hollande, la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV et de Louis XV, faite à Genève, et qui paraît actuellement à Paris avec quelque succès. Si c’est vous qui la réimprimez, je vous avertis que cet ouvrage est tout rempli de fautes typographiques. Il y a un errata imprimé à la fin de chaque volume ; mais cet errata est très-insuffisant. En voici un nouveau, absolument nécessaire.

Si ce n’est pas vous qui vous chargez de cette édition, je vous prie de vouloir bien communiquer cet errata a celui de vos confrères qui fait l’entreprise ; vous rendrez service au public et à moi.

Au reste, je souhaite passionnément que ce soit vous qui fassiez au Siècle de Louis XIV l’honneur de l’imprimer.

J’ai une prière plus sérieuse et plus importante à vous faire : c’est de vouloir bien empêcher qu’on déshonore mon nom en le mettant dans la longue liste des ouvrages suspects qu’on débite en Hollande. Mon nom ne rendra pas ces ouvrages meilleurs, et n’en facilitera pas la vente. J’aurais trop de reproches à me faire si je m’étais amusé à composer un seul de ces ouvrages pernicieux. Non-seulement je n’en ai fait aucun, mais je les réprouve tous, et je regarde comme une injure cruelle l’artifice des auteurs qui mettent sous mon nom ces scandaleux écrits. Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la maison du roi, et surtout à la vérité, me force à vous écrire ainsi, et de vous prier très-instamment de ne pas souffrir qu’on abuse de mon nom d’une manière si odieuse. Vous êtes trop honnête homme pour me refuser cette justice.

J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Tome XXVII, paçe 311.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.