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ANNÉE 1768.
7482. — À M. DE CHABANON.
20 février.

Vraiment oui, des détails ! il faut attendre une seconde édition, mon cher ami : c’est alors qu’on donne des coups de rabot avec plus de plaisir. Je n’ai point la pièce[1] ; elle est entre les mains du gros Rieu[2], que vous connaissez ; on va l’imprimer dans le Recueil de Théâtre qui se fait à Genève. Si vous aimez les épluchures, je vous en enverrai quand vous la ferez réimprimer à Paris. Ce n’est pas un mauvais signe, quand un ouvrage fait souhaiter qu’on lui donne un peu plus d’étendue. La plupart font désirer tout le contraire.

Je me suis fort intéressé aux scènes de ce fripon de prêtre[3] que notre cher La Borde a prises un peu tragiquement. Il y a des traits de ce sycophante qu’on devrait imprimer à la suite du Tartuffe. Celles que donnent actuellement les comédiens au public sont dignes de notre siècle. Tout ce que l’on m’écrit me fait aimer ma retraite et mes montagnes. Je regrette peu de chose ; mais je regretterai toujours les jours charmants que j’ai eu le bonheur de passer avec vous. Adieu : faites des cocus comme Maxime, mais ne les tuez pas.

7483. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
22 février.

Votre grand’maman, madame, doit vous avoir communiqué la Canonisation de frère Cucufin, par laquelle Rezzonico a signalé les dernières années de son sage pontificat. J’ai cru que cela vous amuserait, d’autant plus que cette histoire est dans la plus exacte vérité.

Je lui ai aussi adressé pour vous quatre volumes du Siècle de Louis XIV, pour mettre dans votre bibliothèque. Les faits de guerre ne sont pas trop amusants, et je dis hardiment qu’il n’y a rien de si ennuyeux qu’un récit de batailles inutiles, qui n’ont servi qu’à répandre vainement le sang humain ; mais il y a dans le reste de l’histoire des morceaux assez curieux, et vous verrez assez souvent les noms des hommes avec qui vous avez vécu depuis la Régence.

  1. Les Guèbres.
  2. Celui dont une lettre est rapportée tome XXVI, page 404.
  3. De Claustre ; voyez tome XXVIII, page 77.