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ANNÉE 1769.

est défendu aux malades de trop causer ; ainsi je vous embrasse sans bavarder davantage. Je vous envoie un de mes Testament[1] pour vous amuser.

7541. — À M. LE COMTE DE WARGEMONT[2].
30 avril.

J’eus l’honneur, monsieur le comte, de vous répondre et de vous remercier, il y a plusieurs mois. J’adressai ma lettre chez M. le prince de Soubise. On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités de la poste, et il faut se taire.

Vous parlez d’aller voir les Turcs ; c’est apparemment pour les battre. Vous êtes trop bon chrétien et trop galant pour prendre le parti des infidèles contre les dames. À l’égard de brûler des maisons et de couper les arbres fruitiers par le pied, comme cela ne se trouve ni dans l’histoire d’Attila ni dans celle de Genséric, et que je ne me mêle plus que de l’histoire ancienne, ce n’est pas à moi de parler de tels exploits ; mais ceux de votre valeur et de votre prudence me seront très-précieux.

Vous savez, monsieur, avec quels sentiments je vous suis dévoué.

7542. — À M. LE KAIN.
30 avril.

On avait prévenu, il y a quinze jours, mon cher ami, le résultat que vous m’avez envoyé. Le jeune homme dont il est question donne de grandes espérances : car, ayant fait cet ouvrage avec une rapidité qui m’étonne, et n’ayant pas mis plus de douze jours à le composer, il s’est fait la loi de l’oublier pendant quatre ou cinq mois, et de le retoucher ensuite de sang-froid avec autant de soin qu’il y avait mis d’abord de vivacité. Des raisons essentielles l’obligent à garder l’incognito. Je pense que plus il sera inconnu, plus il pourra vous être utile ; que la pièce[3] d’ailleurs me paraît sage, d’une morale très-pure, et remplie de maximes qui doivent plaire à tous les honnêtes gens.

On peut faire des applications malignes, mais il me semble qu’elles seraient bien forcées. Le Tartuffe et Mahomet sont certai-

  1. l’Épître à Boileau est aussi intitulée mon Testament.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. La tragédie des Guèbres.