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ANNÉE 1769.
7543. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
1er mai.

Voici, mon divin ange, ma réponse à Lekain et aux idées du tripot, dont quelques-unes sont bonnes, et d’autres très-mauvaises. La vie est courte. J’attends avec impatience le manuscrit que je vous ai demandé.

Béni soit cependant le duc de Parme, béni soit le comte d’Aranda, béni soit le comte de Carvalho, qui a fait incarcérer l’évêque de Coïmbre, lequel évêque avait fourré mon nom, assez mal à propos, dans un mandement séditieux, s’en prenant à moi de ce que les yeux de l’Europe commençaient à s’ouvrir. Son mandement a été brûlé par monsieur le bourreau de Lisbonne ; mais à Paris la grand’chambre a fait brûler le poëme de la Loi naturelle[1], l’ouvrage le plus patriotique et le plus véritablement pieux qu’ait notre poésie française. Cette bêtise barbare est digne de ceux qui ont voulu proscrire l’inoculation. Les Welches seront longtemps Welches. Le fond de la nation est fou et absurde ; et, sans une vingtaine de grands hommes, je la regarderais comme la dernière des nations.

Je tremble beaucoup pour le mari d’une très-aimable femme que Mme du Deffant appelle sa grand’maman[2], et que Mme Denis alla voir en revenant à Paris. J’ai peur qu’il n’y ait des changements qui vous seraient désagréables, et dont je serais extrêmement affligé. Cependant il faut s’attendre à tout, et être bien sûr de tout regarder avec des yeux philosophiques.

J’espère que mes anges seront toujours aussi heureux qu’ils méritent de l’être.

M. du Tillot n’est-il pas toujours premier ministre de Parme ? mais n’a-t-il pas un autre nom et un autre titre ?

7544. — À M. DE CHABANON[3].
2 mai.

Oui, ayez pitié du pauvre vieux malade, centum puer artium ; oui, j’attends la scène d’Eudoxie et le divertissement que vous mettez en musique, et les vers charmants à M. de Lorry[4], qu’on

  1. Voyez tome IX, page 433.
  2. Mme de Choiseul.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.
  4. Compagnon d’armes du chevalier d’Assas.