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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/350

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CORRESPONDANCE.
7560. — À M. DE CHABANON[1].
26 mai.

Vraiment, mon cher ami, cette scène était nécessaire ; elle doit faire un grand effet, elle justifie l’impératrice. Peut-être, quand il s’agira de la faire jouer, ajouterez-vous encore quelques nuances dans les caractères d’Eudoxie, de Maxime et de l’ambassadeur. Ce sont ces nuances délicates qui assurent le succès. Vous joindrez de nouveaux détails à ceux qui font déjà le mérite de la pièce. Je suis persuadé qu’en y consacrant à votre loisir quelques matinées, vous en ferez un ouvrage qui restera au théâtre.

Votre divertissement pour les écoles gratuites est non-seulement d’un bon citoyen, mais d’un très-aimable poëte.

La petite et honnête correction est très-justement adressée à l’abbé Foucher. Plût à Dieu que je n’eusse à combattre que des antiquaires ! Les dévots sont plus à craindre. Il y a des Troyens qui forcent quelquefois les Grecs à jouer le rôle de Sinon. Vive memor mei.

7561. — À CATHERINE II,
impératrice de russie.
À Ferney, 27 mai.

La lettre dont Votre Majesté impériale m’honore, en date du 15 avril[2], m’a fait plus de bien que le mois de mai. Le beau temps ranime un peu les vieillards, mais vos succès me donnent des forces. Vous daignez me dire que vous sentez que je vous suis attaché ; oui, madame, je le suis et je dois l’être indépendamment de toutes vos bontés ; il faudrait être bien insensible pour n’être pas touché de tout ce que vous faites de grand et d’utile. Je ne crois pas qu’il y ait dans vos États un seul homme qui s’intéresse plus que moi à l’accomplissement de tous vos desseins.

Permettez-moi de vous dire, sans trop d’audace, qu’ayant pensé comme vous sur toutes les choses qui ont signalé votre règne, je les ai regardées comme des événements qui me devenaient en quelque façon personnels. Les colonies, les arts de toute espèce, les bonnes lois, la tolérance, sont mes passions ; et

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. On n’a point trouvé cette lettre. (K.)