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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/427

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ANNÉE 1769.


7633. — À M. LE COMTE DE SCHOMBERG.
16 auguste.

Vous êtes trop bon, monsieur. Il est vrai que j’ai eu un petit avertissement ; il est bon d’en avoir quelquefois pour mettre ordre à ses affaires, et pour n’être pas pris au pied levé. Cette vie-ci n’est qu’une assez misérable comédie ; mais soyez bien sûr que je vous serai tendrement attaché jusqu’à la dernière ligne de mon petit rôle.

Dès qu’il y aura quelque chose de nouveau dans nos quartiers, je ne manquerai pas de vous l’envoyer. Voyez si vous voulez que ce soit sous le contre-seing de M. le duc de Choiseul, ou sous celui de monseigneur le duc d’Orléans.

Je voudrais bien que ce prince protégeât un peu les Guèbres. Henri IV, dont il a tant de choses, les protégea ; et la dernière scène des Guèbres est précisément l’édit de Nantes. Ceci n’est point un amusement de poésie, c’est une affaire qui concerne l’humanité. Les Welches ont encore des préjugés bien infâmes. Il n’y a rien de si sot, de si méprisable qu’un Welche ; mais il n’y a rien de si aimable et de si généreux qu’un Français. Vous êtes très-Français, monsieur ; c’est en cette qualité que vous agréerez mon très-tendre respect.

7635. — À M. LE ROY[1].
Ferney, 16 auguste.

Je suis, monsieur, aussi sensible que Sirven à la justice que vous lui rendez. Si les prétendus professeurs d’équité étaient aussi éclairés et aussi honnêtes qu’un professeur de médecine tel que vous, cette famille innocente et malheureuse ne serait pas dans l’état funeste où l’ignorance et l’injustice l’ont plongée. La sentence contre les Sirven est un nouvel outrage au sens commun, à la physique, aux sentiments de la nature, qui couvre la patrie de honte. Je me flatte que votre rapport ne contribuera pas peu à venger les Sirven et la France. Tous les bons citoyens vous béniront, et je vous aurai, monsieur, une obligation particulière, moi qui suis occupé depuis six ans à tirer la famille Sirven de l’oppression et de la misère. Il est bien cruel que la

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.