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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/436

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CORRESPONDANCE.

je vois avec plaisir que vous pouvez avoir un successeur ; ce jeune auteur ne vous fera point oublier ; tout au contraire, vous avez fait en lui un disciple qui fera souvenir de vous.

Votre correspondance avec la grand’maman me charme ; avouez qu’elle a de l’esprit comme un ange. Si je n’étais pas exempte de toute prétention, je ne vous écrirais plus, sachant que vous recevez de ses lettres ; mais je ne prétends qu’à un seul mérite auprès de vous, c’est de vous admirer et aimer plus que qui que ce soit.


7646. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 30 auguste.

Je sais qu’il est beau d’être modeste, mais il ne faut pas être indifférent sur sa gloire. Je me flatte, monseigneur, que du moins cette petite édition que j’ai eu l’honneur de vous envoyer ne vous aura pas déplu. Elle devrait vous rebuter, s’il y avait de la flatterie ; mais il n’y a que de la vérité. Je ne vois pas pourquoi ceux, qui rendent service à la patrie n’en seraient pas payés de leur vivant. Salomon dit que les morts ne jouissent de rien, et il faut jouir.

J’ai eu l’honneur de vous parler de l’opéra de M. de La Borde. Permettez-moi de vous présenter une autre requête sur une chose beaucoup plus aisée que l’arrangement d’un opéra : c’est d’ordonner les Scythes pour Fontainebleau au lieu de Mérope, ou les Scythes après Mérope, comme il vous plaira ; vous me ferez le plus grand plaisir du monde. J’ai des raisons essentielles pour vous faire cette prière. Je vous demande en grâce de faire mettre les Scythes sur la liste de vos faveurs pour Fontainebleau. Mes soixante-seize ans et mes maladies ne m’empêchent pas, comme vous voyez, de penser encore un peu aux bagatelles de ce monde. Pardonnez-les-moi en faveur de ma grande passion, c’est celle de vous faire encore une fois ma cour avant de mourir, et de vous renouveler mon très-tendre et profond respect.


7647. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
30 auguste.

Mon cher ange, j’ai été un peu malade ; je ne suis pas de fer, comme vous savez ; c’est ce qui fait que je ne vous ai pas remercié plus tôt de votre dernière lettre.

Le jeune auteur des Guèbres m’est venu trouver ; il a beaucoup