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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/492

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CORRESPONDANCE.

de notre ancienne jurisprudence ridicule et barbare, presque entièrement fondée sur les Décrétâles des papes et sur la jurisprudence ecclésiastique.

Je ne suis pas dans votre secret ; mais le départ de votre flotte me transporte d’admiration. Si l’ange Gabriel ne m’a pas trompé, c’est la plus belle entreprise qu’on ait faite depuis Annibal.

Permettez que j’envoie à Votre Majesté la copie de la lettre que j’écris au roi de Prusse[1] : comme vous y êtes pour quelque chose, j’ai cru devoir la soumettre à votre jugement.

Que Dieu me donne de la santé, et certainement je viendrai me mettre à vos pieds l’été prochain pour quelques jours, ou même pour quelques heures, si je ne puis mieux faire.

Que Notre Majesté impériale pardonne au désordre de ma joie, et agrée le profond respect d’un cœur plein de vous.

L’ermite de Ferney.
7697. — À M. BORDES.
30 octobre.

Si j’en avais cru mon cœur, je vous aurais remercié plus tôt, mon très-cher confrère. Vous avez fait une manœuvre de grand politique, en ne vous trouvant point au rendez-vous. Je suis persuadé qu’on aurait fait valoir en vain les louanges prodiguées dans la pièce[2] aux pontifes, gens de bien et tolérants. Il y a des traits qui auraient déplu à l’architriclin, tout homme de bien et tolérant qu’il est.

M. de La Verpilière[3] ne risque certainement pas plus à faire représenter cette pièce que de me donner à souper à Lyon, si j’étais homme à souper ; mais je crois toujours qu’il est bon d’en différer la représentation jusqu’au départ du primat : alors soyez très-sûr que je partirai, et que je viendrai vous voir mort ou vif. Si je meurs à Lyon, ses grands vicaires ne me refuseront pas la sépulture ; et, si je respire encore, ce sera pour vous ouvrir mon cœur, et pour voir, s’il se peut, les fruits de la raison éclore dans une ville plus occupée de manufactures que de philosophie.

Si vous avez ces fragments de Michon et de Michelle[4], qu’on

  1. Probablement la lettre 7702, qui n’était peut-être pas encore terminée.
  2. Les Guèbres.
  3. Prévôt des marchands de Lyon ; voyez lettre 7659.
  4. Voyez une note de la lettre 7688.