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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/547

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année 1769.
7758. — À M. COLINI.
22 janvier.

La médaille de monseigneur l’électeur est parfaite, mon cher ami : c’est un chef-d’œuvre. Votre médailliste[1] est bien bon de travailler pour la face blême d’un cadavre, après avoir gravé un si beau visage.

Vous ne m’avez pas mandé que vous avez quatre filles. Que ne puis-je un jour servir à les marier toutes quatre ! Il y a un mois que nous savons l’aventure portugalienne[2] ; mais ce n’est rien que cela.

Mettez-moi aux pieds de monseigneur l’électeur.

Je vous embrasse de tout mon cœur. V.

7759. _ M. LE COMTE D’ARGENTAL.
24 janvier.

C’est pour dire à mes anges que, dans l’idée de les amuser, et au risque de les ennuyer, j’ai envoyé un énorme paquet que j’ai pris la liberté d’adresser à M. le duc de Praslin. Ce paquet contient une pièce qui a l’air d’être du temps passé, et qu’on attribue à l’abbé de Châteauneuf, ou à Raymond le Grec, comme on voudra.

Cet énorme paquet doit être actuellement arrivé à l’hôtel des anges. Ils s’apercevront que, par une juste providence, une pièce, dont le principal personnage est un caissier dévot, vient tout juste dans le temps des cilices du sieur Billard et des confessions de l’abbé Grizel. Je ne bénirai pourtant pas la Providence, si questa coglioneria n’amuse pas mes anges.

J’ai lu le livre de l’abbé Galiani[3]. Ô le plaisant homme ! ô le drôle de corps ! on n’a jamais eu plus gaiement raison. Faut-il qu’un Napolitain donne aux Français des leçons de plaisanterie et de police ! Cet homme-là ferait rire la grand’chambre ; mais je ne sais s’il viendrait à bout de l’instruire.

J’ai vraiment lu Bayard et Hamlet.

Je me réfugie sous les ailes de mes anges.

  1. Waechter ; voyez page 297.
  2. Voyez lettre 7749.
  3. Dialogues sur le commerce des blés, 1770, in-8°. Voyez tome XVIII, page 12, l’éloge que Voltaire fait de ce livre.