feuille des bénéfices, et que je vous ferai archevêque de Paris ou de Lyon, comme il vous plaira : ainsi soit-il. Que dites-vous de l’expédition de Corse ? n’avez-vous point peur qu’il n’en résulte une guerre dont l’Europe n’a pas besoin, et nous moins que personne ? Que dites-vous du train que fait Wilkes[1] en Angleterre ? Il me semble que le despotisme n’a pas plus beau jeu dans ce pays-là que la superstition. Adieu, mon cher et illustre maître ; le ciel vous tienne en joie et en santé ! Je vous embrasse comme je vous aime, c’est-à-dire ex toto corde et animo.
Mon cher Cicéron, si vous n’êtes point à Canon, si vous êtes à Paris, si vous avez un moment de loisir, voulez-vous avoir la bonté de jeter les yeux sur ce mémoire ? On ne demande que deux mots, savoir si le procédé de B… est loyal, et si A…[3] serait du moins fondé à demander en justice la suppression de la dernière clause.
Je respecte trop d’ailleurs vos occupations, et je m’intéresse trop à votre affaire de Canon pour vous demander autre chose que deux lignes signées de vous, et d’un ou deux confrères vos amis. Supposé que ce paquet vous trouve à Paris, je vous supplie d’envoyer ce mémoire, avec avis au bas, à M. Damilaville. Mes respects à Mme de Canon, à cette respectable dame, à qui je suis attaché comme à vous, et à qui je regrette bien fort de ne point faire ma cour.
- ↑ Jean Wilkes, écrivain politique anglais (dont Voltaire fait ailleurs un grand éloge voyez tome XIX, page 284), né en 1727. mort le 6 décembre 1797, arrêté, acquitté, puis ayant porté plainte contre le ministère anglais en arrestation illégale, obtint de forts dommages-intérêts ; un de ses pamphlets fut condamné à être brûlé par la main du bourreau, et l’auteur exclu de la Chambre des commune ; poursuivi de nouveau, condamné par contumace ; réélu à la Chambre des communes, il obtint la cassation de la sentence rendue contre lui par contumace, mais fut exclu encore de la Chambre des communes une seconde et une troisième fois. On avait prononcé contre lui une détention de vingt-deux mois et une amende de mille livres sterling. Tout cela faisait beaucoup de bruit en Angleterre.
- ↑ Éditeurs, du Cayrol et François.
- ↑ De Brosses et Arouet (Voltaire). Le philosophe, songeant à vendre Ferney et à se retirer à Tournay, voulait faire annuler la clause du contrat passé avec de Brosses, par laquelle de Brosses devenait propriétaire de tous les meubles se trouvant à Tournay lors de la mort de Voltaire. (G. A.)