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CORRESPONDANCE

terribles inconvénients. Mon cœur pourrait, depuis environ vingt ans, vous en dire des nouvelles.

7290. — À M. DUPONT.
Au château de Ferney, 20 juin.

J’ai compté, mon cher ami, sur votre protection auprès du sieur Roset, fermier ou régisseur de Richwir. Pourriez-vous avoir la bonté de me faire savoir quand et comment il veut me faire toucher au commencement de juillet les sept mille livres qu’il doit me faire compter tous les quartiers ? Il faut que dans cette affaire, où j’ai eu tant de peines, je vous doive toutes les consolations.

Je vous fais mes compliments sur la belle entrée de M. de Rochechouart et du parlement d’Aix dans Avignon[1], sur les acclamations du peuple, sur les fleurs dont les filles jonchaient les rues. Jamais sacrilège n’a été plus gai et plus applaudi. Mandez-moi, je vous en prie, si Mme Dufresney est encore souveraine des lettres à Strasbourg, et si je puis m’adresser à elle pour vous faire tenir un petit paquet. Comment vont vos affaires ? Êtes-vous content ? Je vous embrasse bien fort. V.

7291. — À M. FYOT DE LA MARCHE[2].
Au château de Ferney, 27 juin 1768.

Monsieur, j’ai appris, il y a très-peu de temps, la mort d’un homme qui m’honorait depuis plus de soixante ans de sa bienveillance. J’ignore dans ma solitude si vous êtes actuellement à Dijon ou à Paris. En quelque lieu que vous soyez, souffrez que je vous demande la continuation des bontés de monsieur votre père. Moins j’ai de temps à en jouir, plus elles me sont précieuses. J’irai bientôt le retrouver (si on se retrouve). Je voudrais être en état de faire le voyage de Dijon pour vous faire ma cour, mais les maladies qui accablent ma vieillesse ne me permettent guère d’espérer cette consolation. La seule qui me reste à présent est de vous présenter du fond de mon cœur le respect et l’attachement avec lesquels j’aurai l’honneur d’être toute ma vie, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.
  1. Le 11 juin 1768.
  2. Éditeur, H. Beaune.