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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/160

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ont trouvé jusqu’ici peu d’asile chez les hommes. Vous en jouissez sous la protection d’un prince, ce qui est encore plus rare.

Je crois que votre journal se distinguera de la foule de tous ceux dont l’Europe est remplie. Tous vos extraits m’ont paru très-bien faits. On vous aura déjà dit probablement qu’en changeant une lettre à votre nom, on pourra vous prendre pour celui qui faisait si bien les extraits de l’Académie des sciences.

On ne peut être plus sensible que je le suis aux faveurs que vous me faites.

J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime que vous méritez, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.


7971. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT[1].
Ferney, 23 juillet.

Il faut que notre chef de brigade nous croie de terribles buveurs ! car je ne soupçonne que lui de nous avoir envoyé encore du vin de Champagne. Il faut qu’il le vienne boire avec Mme Dixneufans, sans quoi ce vin ressemblerait aux anciennes libations qu’on faisait aux morts.

Le pauvre ermite est dans un état pitoyable, quoi qu’en dise Pigalle, devant qui il s’est forcé de paraître oublier tous ses maux. Non-seulement il ne peut plus boire, mais il ne peut presque plus manger. Il se met aux pieds de Mme Dixneufans. Il y a l’infini entre elle et lui.

Je finis par établir à Ferney une petite colonie d’émigrants de Genève et autres lieux ; M. le duc de Choiseul la protège de toutes ses forces. Nous faisons des montres excellentes. Paris les tire toutes de Genève, et nous les donnons à un grand tiers meilleur marché qu’à Paris. Quand vous en voudrez pour vos amis, adressez-vous à votre serviteur, avant qu’il rende son existence aux quatre éléments, supposé qu’il y ait quatre éléments. En attendant, il vous embrasse de tout son cœur, et se met aux pieds de Mme Dixneufans.

    29 octobre 1737, mort le 15 février 1812, auteur d’Éricie ou la Vestale (voyez tome XLVI, page 147), d’un Cours de belles-lettres, 1813, quatre volumes in-8°. Il venait d’établir à Deux-Ponts une Gazette universelle de politique et de littérature.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.