Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’obligations donne son denier à la statue, et je veux surtout qu’il donne très-peu : 1° parce qu’on n’en a point du tout besoin ; 2° parce qu’il donne trop de tous les côtés. C’est une affaire très-sérieuse ; je casserais à la statue les bras et les jambes si son nom ne se trouvait pas sur la liste.

Adieu, madame ; faites comme vous pourrez : vivez, portez-vous bien, digérez, cherchez le plaisir, s’il y en a. Luttez contre cette fatale nature dont je parle sans cesse, et où j’entends si peu de chose. Ayez de l’imagination jusqu’à la fin, et aimez votre très-ancien serviteur, qui vous est plus attaché que tous vos serviteurs nouveaux.

7988. — À M. THIERIOT.
8 auguste[1].

Je vous envoyai, il y a plus d’un mois, mon ancien ami, un tome de ce que vous me demandiez, sous l’enveloppe de M. d’Ormesson, et je comptais vous faire parvenir le reste, volume par volume ; mais, comme vous ne m’aviez point accusé la réception de mon paquet, je n’ai pas osé faire un second envoi. Je commence à croire qu’on a ouvert le paquet à la poste, et qu’on l’a retenu. Je pense que le Système de la Nature a produit cette attention sévère : c’est un terrible livre, et qui peut faire bien du mal.

Je crois qu’on aura le Dépositaire à la Comédie vers la fin de l’automne.

Il y a des gens assez absurdes pour m’attribuer les Anecdotes sur Fréron. Je suis obligé d’en appeler à votre témoignage : vous savez ce qui en est. J’ai encore l’original que vous m’avez envoyé ; j’ignore quel en est l’auteur : il serait très-important que je le susse. Comme, Dieu merci, je n’ai jamais vu ni Fréron, ni aucun de ceux qui sont cités dans ces Anecdotes ; et comme, Dieu merci encore, mon style est très-différent de celui de l’auteur, sans être meilleur, il faut être absurde pour m’imputer un tel ouvrage. J’ai des affaires un peu plus sérieuses et plus agréables, mais je ne néglige rien ; je ne néglige point surtout l’amitié.

  1. C’est à tort qu’on a toujours classé cette lettre à l’année 1771. Elle est de 1770. (G. A.)