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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/188

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miner ce que de faibles cervelles disent pour ou contre son existence.

M. de Crassier[1] m’a mandé qu’il avait obtenu, par votre protection, une très-grande grâce. Songez, madame, que c’est à vous seule uniquement qu’il la doit, et que je n’avais pas osé seulement vous la demander. Voilà comme vous êtes ; dès qu’on vous offre de loin la moindre petite ouverture pour faire du bien, vous saisissez la chose avec un acharnement qui n’a point d’exemple ; j’en suis confondu, je ne sais plus que vous dire.

M. le marquis d’Ossun, ambassadeur en Espagne, favorise de tout son pouvoir la fabrique de Ferney, faubourg de Versoy. Il y prend autant d’intérêt que si c’était son propre ouvrage. Oserais-je vous supplier, madame, d’obtenir que monsieur le duc voulût bien lui marquer qu’il est sensible à tous ses bons offices, qui sont en vérité très-considérables, et qui pourront être efficaces ? M. l’abbé Billardi n’a pas eu les mêmes bontés que M. le marquis d’Ossun ; il ne m’a pas fait de réponse ; apparemment que l’Inquisition le lui a défendu.

Nos artistes de Ferney donnent, le jour de la Saint-Louis, une belle fête ; je crois que leur zèle ne déplaira pas à monsieur le duc.

C’est votre nom, madame, que je fête tous les jours de l’année. Je vous suis attaché pour ma vie avec le plus profond respect et la plus vive reconnaissance.

Le vieil Ermite de Ferney.
8001. — À M. CHRISTIN[2].
20 auguste.

Mon cher ami, tout languissant que je suis, je vais pourtant écrire. Mais vous savez que Dieu ne peut empêcher que ce qui est fait ne soit fait ; à plus forte raison les pauvres humains ne le peuvent. Votre procureur général[3] me fait trembler ; il sera plus à craindre que Charlemagne. C’est une chose bien délicate que de s’engager à prouver la fausseté des actes de cet empereur. Vos adversaires n’exigeraient-ils pas réparation et dommages[4] ?

  1. Toutes les éditions portent « Crassier. » On écrit plus communément Crassy.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Doroz.
  4. Il s’agit toujours de l’affaire des serfs de Saint-Claude.