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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/323

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ANNÉE 1770.

qu’il s’est agi de l’Académie française. Quelques personnes zélées pour la liberté académique, et pour l’honneur de notre corps, m’en ont écrit, etc.

J’ai fait pendant dix ans tout ce que j’ai pu pour obtenir les bonnes grâces de M. de Brosses. Je me flatte d’avoir mérité les vôtres par la confiance que j’ai toujours eue dans vos bontés. Dites-moi ce que vous voulez que je fasse ; je suis à vos ordres. J’ai l’honneur d’être avec le plus respectueux attachement, etc.

8162. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL[1].
3 janvier.

Ma foi, madame, vous venez trop tard ; j’aurais cru devoir au moins un petit mot de respect et d’attachement[2] ; je l’ai donné, et je crois qu’on le trouvera fort bon. On n’a jamais commandé l’ingratitude. Je suis hors de ligne, et la voix d’un pauvre mourant ne peut faire ombrage à personne.

Je supplie instamment M. le comte d’Argental de vouloir bien me renvoyer les cinq Anti-Crébillon[3].

Je parle de votre montre tous les jours, et j’espère bientôt vous l’envoyer. Il n’y aura rien à y refaire ; ce n’est pas comme l’œuvre des onze jours : aussi y en a-t-on mis davantage. Ma pauvre colonie ne se trouvera pas bien de cette affaire-ci. Tous les malheurs m’arrivent à la fois. J’avais recommandé mes fabriques à M. le cardinal de Bernis : il n’en a tenu compte. Je me suis mis en colère contre lui ; il s’est moqué de ma colère. Vous ne me parlez point de lui, madame ; c’est peut-être parce qu’on en parle beaucoup.

Renvoyez-moi toujours mes cinq actes, si vous voulez en avoir cinq autres. Mille tendres respects à mes anges.

8163. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À Ferney, le 3 janvier.

Eh bien ! cruelle Éminence, ne protégez point ma colonie ; laissez-la périr. Je péris bien, moi qui l’ai fondée. Je suis ruiné

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Envers Choiseul et Praslin, disgraciés.
  3. Les cinq actes des Pélopides.