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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/416

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CORRESPONDANCE.

assuré la paix de la France. Vous avez sacrifié à l’amitié et à la vérité. Je n’ai que deux jours à vivre, mais j’emploierai ces deux jours à aimer et à révérer un grand ministre, qui m’a comblé de bontés, et le roi approuvera ma reconnaissance.

Je ne me mêle pas assurément des affaires d’État, ce n’est pas le partage des roseaux ; j’applaudis comme vous à l’érection des six conseils, à la justice rendue gratuitement, aux frais de justice dont les seigneurs des terres sont délivrés ; mais je n’écris point sur ces objets : j’en suis bien loin, et je suis indigné contre ceux qui m’attribuent tant de belles choses.

Il y a, entre autres écrits, un Avis important à la noblesse de France[1], dont la moitié est prise mot pour mot d’un petit livre d’un jésuite, intitulé Tout se dira ; et on a l’injustice et l’ignorance de m’imputer cette feuille, qui n’est qu’un réchauffé. Qu’on m’impute Barmécide[2], voilà mon ouvrage ; je le réciterais au roi.

Mais, dans ma vieillesse et dans ma retraite, je ne peux que rendre justice obscurément et sans bruit au mérite.

C’est ainsi que ce pauvre roseau cassé en use avec le beau chêne verdoyant auquel il présente son profond respect.


8261. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
À Ferney, 5 avril.

Eh bien ! madame, vous aurez l’Épître au roi de Danemark[3]. Je ne vous l’ai point envoyée, parce que j’ai craint que quelque Welche ne s’en fâchât. Depuis ma correspondance avec l’empereur de la Chine[4], je me suis beaucoup familiarisé avec les rois ; mais je crains un certain public de Paris, qu’il est plus difficile d’apprivoiser.

    a voulu que l’agriculture et le commerce répandissent une nouvelle vie dans tout son royaume. Par ses ordres, une province de France, soumise pour un temps à une puissance étrangère, rentre sous les lois du maître que lui donnent la nature et la justice ; une île importante est conquise ; … une forme nouvelle est donnée à notre constitution militaire ; toutes les parties qui la rendent plus propre à la guerre se perfectionnent, etc. »


    Avignon, qui était occupé par les Français depuis le 11 juin 1768, fut rendu au pape. (B.)

  1. Voyez cet écrit, tome XXVIII, page 393.
  2. L’Épitre de Benaldaki à Caramouftée, tome X, page 440.
  3. Tome X, page 421.
  4. Épître au roi de la Chine, tome X, page 412.