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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/436

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CORRESPONDANCE.

conseil de Sa Majesté, est digne assurément d’être jugée par vous. Il s’agit de savoir si douze ou quinze mille Francs-Comtois auront le bonheur d’être sujets du roi, ou esclaves des chanoines de Saint-Claude. Ils produisent leurs titres, qui les mettent au rang des autres Français ; les chanoines n’ont pour eux qu’une usurpation clairement démontrée.

Il est à croire, monseigneur, que parmi les services que vous rendez au roi et à la France en réformant les lois, on comptera l’abolition de la servitude, et que tous les sujets du roi vous devront la jouissance des droits que la nature leur donne. Je respecte trop vos grands travaux pour abuser plus longtemps de votre patience. Souffrez que je joigne à mon admiration le profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, etc.

8281. — À M. CHRISTIN.
8 mai.

Voilà, mon cher ami, la lettre que je prends la liberté d’écrire à monsieur le chancelier : cela est un peu hardi de ma part. Vox clamantis in deserto[1] n’est pas faite pour être écoutée à la cour, mais l’envie de vous servir me rend un peu insolent. Je vais écrire à M. Marie[2], et même à M. le marquis de Monteynard[3].


Frontis ad urbanæ descendo præmia.

(Hor., lib. I, ep. IX, v. 11)

Votre évêque de Saint-Claude veut destituer Nidol, notaire de Longchaumois, pour avoir reçu les protestations des habitants contre les faux actes dont les chanoines se prévalent. Il demande à être reçu notaire royal. Je ne sais, mon cher philosophe, si la chose est possible ; je ne me connais point en lettres de chancellerie ; vous êtes à portée d’être instruit.

J’ai tout lieu d’espérer que vous aurez d’ailleurs un plein succès, et que vous reviendrez chez vous comme Charles-Quint de son expédition de Tunis, avec dix-huit mille chrétiens dont il avait brisé les fers. Vous n’êtes pas homme à renoncer, par ennui, à une chose que vous avez entreprise par vertu. Voilà de ces occasions où il faut rester sur la brèche jusqu’au dernier moment. Je vous embrasse bien tendrement.

  1. Isaïe, XL, 3 ; Jean, i, 23.
  2. Cette lettre manque.
  3. Elle manque aussi.