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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/471

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ANNÉE 1771.

nions. Notre pauvre d’Hornoy me paraît toujours très-affligé[1]. Il est heureux, il est jeune ; le temps change tout.

Nous vous embrassons bien tendrement[2].

8316. — À M. POMME[3].
À Ferney, ce 27 juin.

Mme R…[4], monsieur, qui habite dans mon désert, et qui est possédée depuis longtemps du même démon que l’hémorroïsse[5], n’est pas encore guérie par vos délayants ; mais ces sortes de démons ne se chassent qu’avec le temps, et je vous tiens toujours pour un très-bon exorciste.

Je crois bien que vous rencontrerez dans votre chemin des scribes et des pharisiens qui tâcheront de décrier vos miracles ; mais, quoi qu’ils fassent, votre royaume est de ce monde. Pour moi, je suis possédé d’un démon qui me rend les yeux aussi rouges que les fêtes mobiles dans les almanachs, et qui m’ôte presque entièrement la vue ; mais je me ferai lire avec grand plaisir tout ce que vous écrirez contre les ennemis de votre doctrine. J’ai de la foi à votre évangile, quoique les gens de mon âge soient difficiles à persuader.

8317. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Potsdam, 29 juin.

Ce poëte empereur si puissant, qui domine
Ce poëte Sur les Mandchoux et sur la Chine,
Ce poëte Est bien plus avisé que moi.
Si le démon des vers le presse et le lutine,
Des chants que son conseil juge dignes d’un roi
Il restreint sagement la course clandestine
Aux bornes des États qui vivent sous sa loi.
Ce poëte Moi, sans écouter la prudence,

  1. Il avait été exilé (voyez lettre 8220), puis avait été privé de sa place de conseiller au parlement.
  2. Lettre de Voltaire (dictée à Wagnière) à M. Éthis, commissaire provincial des guerres à Besançon, du 26 juin 1771, signalée dans un catalogue d’autographes.
  3. Médecin qui a beaucoup écrit sur les maladies vaporeuses.
  4. Probablement Mme Rilliet, qui épousa le marquis de Florian ; voyez lettre n° 8467.
  5. Matthieu, IX, 20 ; Marc, v, 25 ; Luc, viii, 43.