Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
471
ANNÉE 1771.
8325. — À M. D’ALEMBERT.
8 juillet.

Comme je suis quinze-vingt, mon cher philosophe, et que je n’ai pas grand soin de mes papiers, j’ai perdu une lettre de M. de Condorcet, par laquelle il me donnait une adresse pour lui envoyer les quatrième et cinquième volumes des Questions. Je vous prie de me rafraîchir la mémoire de cette adresse, car ma mémoire ne vaut pas mieux que mes yeux.

Il est fort à présumer, mon cher ami, que la philosophie sera peu respectée. Notre royaume n’est pas de ce monde[1]. Cependant il est sûr qu’on tolérera votre grande Encyclopédie comme un objet de commerce et de finances. Messieurs les auteurs seront, dans cette occasion, protégés par messieurs les libraires et je crois que messieurs les libraires donnent quelque argent à messieurs les commis de la douane des pensées. Nous ne jouons pas un beau rôle. Notre consolation est d’écraser des pédants barbares qui nous ont persécutés. Ils sont plus maltraités que nous, mais c’est la consolation des damnés. Portez-vous bien, et riez du monde entier : c’est le parti le meilleur et le plus honnête.

Je vous embrasse, mon cher ami ; mais je ne peux pas rire pour le présent.

8326. — À M. LE COMTE DE MILLY[2].
Ferney, 8 juillet.

Un vieillard très-malade, et qui a presque entièrement perdu la vue, remercie plus tard qu’il n’aurait voulu M. de Milly de ses bontés, et du livre agréable qu’il a bien voulu lui envoyer. Il n’est pas en état de vérifier les dates dont il lui parle. Il croit qu’elles sont exactes dans l’édition in-4°. Le triste état où il est ne lui permet à présent que de marquer à monsieur le comte sa reconnaissance et ses respectueux sentiments. V.

  1. Évangile de saint Jean, XVIII, 36.
  2. À qui sont déjà adressées les lettres 7302 et 7425.