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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/487

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ANNÉE 1771.
8332. — À M. GABRIEL CRAMER[1].
11 juillet.

Je prie encore une fois M. Cramer de ne rien mettre dans son édition in-4° que je puisse désavouer. Il sait qu’il y a beaucoup de petits bâtards qui courent le monde sous le nom de mes enfants légitimes. On s’imagine, à Paris, que c’est moi qui dirige à Genève toutes ces éditions, auxquelles je n’ai pourtant aucune part. Plus j’aime M. Cramer, et plus je serais fâché d’être obligé de renier ce qu’il fait imprimer. On est et on sera plus difficile que jamais à Paris ; il faut bien que je sois difficile aussi, tout facile que Dieu m’a fait. Je vous demande en grâce de ne rien faire sans m’en avertir. Vous vous doutez bien que j’ai de fortes raisons.

8333. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
11 juillet.

Dieu soit béni, madame ! votre grand’maman me rend justice, et vous me la rendez. Je ne crains plus de déplaire à une âme aimable, juste et bienfaisante, pour avoir élevé ma voix contre des êtres malfaisants et injustes, qui dans la société ont toujours été insupportables ; et dans l’exercice de leur charge, tantôt des assassins, et tantôt des séditieux.

Je suis dans un âge et dans une situation où je puis dire la vérité. Je l’ai dite sans rien attendre de personne au monde, et soyez sûre que je ne demanderai jamais rien à personne, du moins pour moi, car je n’ai jusqu’ici demandé que pour les autres.

Si M. Walpole est à Paris, je vous prie de lui donner à lire la page 76 de la feuille[2] que je vous envoie ; il y est dit un petit mot de lui. J’ai regardé son sentiment comme une autorité, et ses expressions comme un modèle. Cette feuille est détachée du septième tome des Questions sur l’Encyclopédie, que vous ne connaissez ni ne voulez connaître. On a déjà fait quatre éditions des

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. C’était la cinquième feuille de la sixième partie des Questions sur l’Encyclopédie. Voltaire y reproduisait plusieurs chapitres de son Pyrrhonisme de l’Histoire. C’est dans le chapitre XVII de cet ouvrage qu’est le mot de Walpole dont Voltaire parle ici ; voyez tome XXVII, page 267.