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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/513

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ANNÉE 1771.

ces nouvelles dispositions. Monsieur votre fils, conseiller au parlement[1], sera sans doute conservé dans son beau régiment.

Je vous fais d’ailleurs mon compliment de vous amuser à faire de jolis vers ; les belles-lettres contribueront toujours aux agréments de votre vie : je voudrais passer les restes de la mienne avec vous. Mais, condamné à souffrir sans relâche, je suis condamné aussi à ne point quitter ma retraite.

Si vous voyez M. de La Marche[2], je vous prie de le faire souvenir de ses anciennes bontés pour moi, et de me conserver les vôtres.

8360. — À M. DE LA HARPE.
À Ferney, 4 septembre.

« Il déclare qu’il ne se chargera pas de porter la parole divine, si on lui donne des soutiens qui la déshonorent, et qu’il ne parlera au nom de Dieu et du roi que pour faire aimer l’un et l’autre[3]. »

« Le monarque a dit : Je vous donne mon fils ; et les peuples disent Donnez-nous un père[4]. »

Et le portrait de l’enthousiasme, et celui de Mme de Maintenon, si vrais, si fins, et si sublimes ; et cette admirable pensée de sentiment : Il est triste de représenter le génie persécutant la vertu ; et cet ignorant Louis XIV, moins blessé peut-être des Maximes des saints que des maximes du Télémaque ; et cette foule de peintures qui attendrissent, et de traits de philosophie qui instruisent : tout cela, mon cher ami, est admirable ; c’est le génie du grand siècle passé, fondu dans la philosophie du siècle présent.

Je ne sais pas si vous êtes entré actuellement dans l’Académie[5], mais je sais que vous êtes tout au beau milieu du temple de la gloire.

Votre discours est si beau que le cardinal de Fleury vous aurait persécuté, mais sourdement et poliment, à son ordinaire.

  1. Frédéric-Henri Richard de Ruffey, né à Dijon le 29 mai 1750, conseiller au parlement le 8 août 1768, président le 5 mars 1776, mort sur l’échafaud révolutionnaire le 10 avril 1794. Il fut en effet membre du parlement réformé de 1771. (Th. F.)
  2. Le second premier président de ce nom, mort en 1772. On a de lui un petit ouvrage écrit avec goût et facilité : Mémoires de M. de Berval, Amsterdam, 1752, petit in-8°. (Th. F.)
  3. Passage de l’Éloge de Fénelon, par La Harpe.
  4. Autre passage de l’Éloge de Fénelon, par La Harpe.
  5. La Harpe n’y entra qu’en 1776.