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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/532

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CORRESPONDANCE.

Si on vous envoie l’arrêt du conseil, vous verrez aisément que ceux qui l’ont rédigé n’avaient pas pris la peine de lire le discours de La Harpe. Je sais que plus d’un évêque désapprouve fort cette condamnation ; mais ils risqueraient trop à s’expliquer.

Nous sommes bien heureux, en cette circonstance, que le feu parlement n’existe plus, car il n’aurait pas manqué de faire à cette occasion quelques nouvelles sottises.

Adieu, mon cher ami ; j’ai le cœur navré de douleur.

8382. — À M. THOMASSIN DE JUILLY[1].
Au château de Ferney, 11 octobre.

Vous avez écrit, monsieur, en digne chevalier, et je vous remercie en bon citoyen. Vous rendez à la fois service à l’art militaire, qui est le premier, et à tous les autres arts. On ne pouvait mieux confondre le Jean-Jacques de Genève. Il n’y a rien à répondre à ce que vous dites que, suivant les principes de ce charlatan, ce serait à la stupide ignorance à donner la gloire et le bonheur. Ce malheureux singe de Diogène, qui croit s’être réfugié dans quelques vieux ais de son tonneau, mais qui n’a pas sa lanterne, n’a jamais écrit ni avec bon sens, ni avec bonne foi. Pourvu qu’il débitât son orviétan, il était satisfait. Vous l’appelez Zoïle ; il l’est de tous les talents et de toutes les vertus. Vous avez soutenu le parti de la vraie gloire contre un homme qui ne connaît que l’orgueil. Je m’intéresse d’autant plus à cette vraie gloire qui vous est si bien due que j’ai l’honneur d’être votre confrère dans l’Académie d’Angers, pour laquelle vous avez écrit. Elle a dû regarder votre ouvrage comme une des choses qui lui font le plus d’honneur ; vous m’en avez fait beaucoup en voulant bien m’en gratifier.

J’ai l’honneur d’être, avec l’estime et la reconnaissance que je vous dois, monsieur, votre, etc.

8383. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
11 octobre.

Mon cher ange, votre lettre du 30 de septembre m’a trouvé bien affligé. On dit que les vieillards sont durs ; j’ai le malheur d’être

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Thomassin de Juilly était sous-lieutenant aux gardes du corps. Il écrivait dans le Mercure.