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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/56

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sel, vous n’êtes point fait pour un petit État ; mais revenons à votre capucinerie.


Vous ne fûtes jamais des Cotins le héros ;


et l’on ne dira point :


Et maintenant le soutien des dévots.


Ces vers sont assez jolis, et j’achèterais bien cher certain ouvrage dont on n’a que des fragments.

Il est vrai, je ne m’en défends pas, j’aime mieux le plaisant que le sérieux ; cependant je serais bien aise d’avoir votre Encyclopédie ; c’est le seul moyen de me faire rechercher et mériter le beau titre d’encyclopédiste.

Adieu, mon révérend père, faites tous les jours mention de moi dans votre Memento.

7853. — À CATHERINE II,
impératrice de russie.
À Ferney, 10 avril.

Madame, mon enthousiasme a redoublé par la lettre du premier mars, dont Votre Majesté impériale a daigné m’honorer. Il n’y a point de prêtre grec qui soit plus enchanté de votre supériorité continuelle sur les circoncis que moi, misérable baptisé dans l’Église romaine. Je me crois né dans les anciens temps héroïques, quand je vois une de vos armées au delà du Caucase, les autres, sur les bords du Danube ; et vos flottes, dans la mer Égée. Je plains fort le hospodar de la Moldavie. Ce pauvre Gète n’a pas joui longtemps de l’honneur de voir Tomyris. Pour le hospodar de la Valachie, puisqu’il a de l’esprit il restera à votre cour.

Il ne reste plus d’autre ressource à vos ennemis que de mentir.

Les gazetiers ressemblent à M. de Pourceaugnac, qui disait : Il m’a donné un soufflet, mais je lui ai bien dit son fait[1].

Je m’imagine très-sérieusement que la grande armée de Votre Majesté impériale sera dans les plaines d’Andrinople au mois de juin. Je vous supplie de me pardonner si j’ose insister encore[2] sur les chars de Tomyris. Ceux qu’on met à vos pieds sont d’une fabrique toute différente de ceux de l’antiquité. Je ne suis point du métier des homicides. Mais hier deux excellents meurtriers

  1. Pourceaugnac, acte I, scène vi.
  2. Voyez tome XLVI, page 341.