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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/573

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ANNÉE 1771.

(pourvu qu’ils n’aient plus la goutte) avec le plus profond respect, et le plus grand ébahissement de tout ce que je viens de lire.

8428. — À M. ***[1].
À Ferney, 6 décembre.

Il serait triste pour moi, monsieur, de mourir sans voir celui à qui j’ai obligation ; mais, en attendant que je puisse jouir d’un si cher avantage, je dois vous dire que la saisie de mon bien, qui était entre les mains de M. Magon[2], me jette aujourd’hui dans un embarras inexprimable.

J’ai établi une colonie qui fait un commerce utile à l’État. Cette colonie va périr, si je ne lui donne de nouveaux secours. Pouvez-vous avoir la bonté de me faire vendre cent mille francs de contrats ? Je ne disputerai pas sur le prix, et je regarderai cette grâce que vous me ferez comme la plus grande faveur.

Voilà où l’opération de M. l’abbé Terray m’a réduit. Si je ne puis parvenir à vendre mes contrats, votre amitié seule me console ; si je puis les vendre, j’aurai le bonheur d’être utile à l’État, autant que le peut comporter ma petite sphère. Mon plus grand bonheur est d’avoir trouvé un ami tel que vous. J’ai l’honneur d’être, avec la plus sensible reconnaissance, monsieur, etc.

8429. — À STANISLAS-AUGUSTE PONIATOWSKI,
roi de pologne.
À Ferney, 6 décembre.

Sire, permettez à mon sincère attachement pour votre personne, pour votre cause, pour vos vertus, de dire encore un mot à Votre Majesté.

Tous les papiers publics disent que Kosinski[3] avait fait serment à la sainte Vierge, ainsi que les autres conjurés, de consommer leur attentat sacrilège. Je respecte fort la sainte Vierge ; je suis seulement fâché que Poltrot, Jean Châtel, Ravaillac, Damiens, le révérend père Malagrida, etc., etc., aient eu tant de religion.

Oserais-je demander à Votre Majesté s’il n’est pas vrai que

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Banquier du roi.
  3. Voyez tome XX, page 451.