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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/586

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CORRESPONDANCE.

et sans ressource. J’ai payé la montre aux artistes qui l’avaient faite. M. le comte d’Aranda nous a consolés par le meilleur vin qu’on puisse boire, et par la plus belle faïence sur laquelle on puisse manger, après la porcelaine de Saxe et celle de Sèvres. Il ne me reste qu’à remercier Votre Excellence de ses bontés infinies. Il faut savoir supporter son malheur. Il y en a de plus grands, et qui tombent sur des têtes plus précieuses.

Conservez-moi toujours vos bontés ; elles seront pour moi le dédommagement le plus ample et le plus flatteur. Je suis encore pénétré des attentions généreuses dont vous voulûtes bien m’honorer l’année passée ; elles seront toujours chères à mon cœur, plein de reconnaissance. J’ai l’honneur d’être, avec respect, etc.

8445. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
21 décembre.

Mon cher ange, IV, V, et VIII[1], vous seront rendus par milord Dalrymple, à moins qu’ils ne soient saisis aux portes. Milord Dalrymple est un Écossais modeste, chose assez rare ; jeune homme simple et même un peu honteux, avec beaucoup d’esprit ; philosophe comme Spinosa, doux comme une fille. Il est neveu de milord Stair, et l’aîné de la maison ; il n’a pas le nez si haut, mais je crois qu’il l’aura plus fin.

Voilà tout ce que le vieux malade de Ferney peut dire aujourd’hui à ses anges, auxquels il souhaite cent bonnes années[2].

  1. Des Questions sur l’Encyclopédie.
  2. Il y a, sous la date du 25 décembre 1771, une lettre de Voltaire au comte André Schouvalow, en réponse à une lettre du comte, que nous n’avons pu nous procurer. Voici les renseignements qu’on nous a donnés sur ces deux lettres :

    La lettre de Schouvalow commence ainsi :

    « Sa Majesté l’impératrice a daigné m’ordonner de vous demander si, dans le nombre des sujets du Parnasse, et qui vous considèrent tous à juste titre comme leur patriarche, il n’y aurait pas un jeune littérateur débutant dans sa carrière, qui fût en état de faire un article de journal sur ceux qui suivent, et que Sa Majesté m’a dictés elle-même. »

    Suivent les six articles dictés par l’impératrice et une quinzaine de lignes d’explications.

    Voici maintenant comment Voltaire débute dans sa réponse :

    « Monsieur le comte, je viens d’avoir l’honneur de recevoir la lettre de Votre Excellence, qui renfermait les ordres que Sa Majesté votre auguste souveraine, la mienne et celle qui devrait l’être de l’univers entier, daigne me donner. »

    Mille ducats devaient payer l’article, que Voltaire trouva bon de rédiger sous le titre du Tocsin des Rois.

    Le Tocsin des Rois se trouve au tome XXVIII, page 465.