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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/70

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seul. On dit qu’elle est emportée comme vous dans la conversation, qu’elle n’a ni finesse ni agrément ; c’est précisément ce qu’il vous faut.

Comment se porte Mme d’Argental ? Vous n’avez pas nos neiges, mais vous avez, dit-on, de la pluie et du froid.

Les solitaires de Ferney sont à vous plus que jamais.

Lisez, s’il vous plaît, cette réponse[1] au frère de Fréron ; et, si vous la trouvez bien, ayez la bonté de la faire mettre à la poste. Je crois qu’il faut affranchir pour Londres.

Je vous demande bien pardon de tant de peines ; mais quand il s’agit de Fréron, il n’y a rien qu’on ne fasse.

Point du tout : ce pauvre diable, accusé par son beau-frère Fréron d’avoir cabalé à Rennes, est actuellement en Espagne. Dieu veuille délivrer la France de son cher beau-frère, et qu’il soit assisté en place de Grève par l’abbé Grizel ! V.

7867. À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
25 avril.

Vous voulez être taupe, madame savez-vous bien qu’il y a un proverbe qui dit que les taupes servent d’exemple ? exemplum ut talpa. Il est vrai que nous avons, vous et moi, quelque ressemblance avec ces animaux, qui passent pour aveugles. Je suis toujours de la confrérie, tant que les neiges couvrent nos montagnes je ne vois guère plus qu’une taupe ; et d’ailleurs j’irai bientôt dans leur royaume, en regrettant fort peu celui-ci, mais en vous regrettant beaucoup.

Vous avez deviné très-juste, madame, en devinant que M. l’abbé Terray m’a pris six fois plus qu’à vous ; mais c’est à ma famille qu’il a fait cette galanterie car il m’a pris tout le bien libre dont je pouvais disposer, et je ferai probablement, en mourant, banqueroute comme un évêque.

Vous voulez avoir cette prétendue Encyclopédie qui n’en est point une : c’est un ouvrage malheureusement fort sage (à ce que je crois), mais fort ennuyeux (à ce que j’affirme). Je serai mort avant qu’il soit imprimé, attendu que, de mes deux libraires, l’un est devenu magistrat et ambassadeur, l’autre monte la garde continuellement, en qualité de major, dans le tripot de Genève, qu’on appelle république.

  1. Cette lettre à Royou, beau-frère de Fréron, manque.