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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/125

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fois, que des anges gardiens, des anges consolateurs, exposent aux sifflets du barreau un plaidoyer auquel on travaille tous les jours. Ils ne sont pas capables d’une telle diablerie. Ils me renverront par Marin le plaidoyer de Duroncel, tel qu’il a été estropié à la police, et on le renverra par la même voie.

Toutes les nouvelles font l’éloge de Mlle Sainval la cadette. Je supplie instamment mes anges de faire une forte brigue pour lui faire jouer Olympie à Fontainebleau. J’ai mes raisons pour cela, mais des raisons si fortes, si touchantes, si convaincantes, que, si mes anges les savaient, ils les préviendraient avec la bonté la plus empressée. Je n’ai point de nouvelles de M. le maréchal de Richelieu, et je ne sais quand il revient.

Que dites-vous du procès de la veuve Véron[1] ?

8564. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
22 juin.

J’ai reçu enfin deux consolations de mon cher ange, du 15 et du 16. Vous savez que l’avocat polonais, qui d’abord avait été pour impression de son factum[3], et qui s’était ensuite réservé pour l’audience, voulait absolument différer cette audience même ; vous savez avec quel zèle il retravaillait son mémoire. Il est infiniment soulagé d’apprendre vos sages résolutions, et il vous supplie de vouloir bien lui renvoyer le factum, tel qu’on devait le prononcer en dernier lieu après avoir passé par l’étamine des réviseurs. Vous avez été véritablement ange gardien dans toute cette affaire, et vous mettrez le comble à vos bontés en me renvoyant sans délai ce factum, auquel on aura tout le temps de travailler.

Je réponds à la lettre du 16 que je suis comme un homme mort, dont chacun s’approprie les meubles et en fait ce qu’il veut. Figurez-vous qu’on fait actuellement quatre éditions de mes sottises, sans que je m’en mêle, sans qu’on me consulte. Les Cramer mêmes ont inséré dans leur recueil bien des choses qui ne sont pas de moi : on me mutile, on m’estropie à Paris et dans le pays étranger. Je n’avais envoyé qu’à M. le maréchal de Richelieu les Cabales, apparemment quelqu’un de ses secrétaires s’en est emparé. On me mande qu’on les a imprimées indignement : c’est ma destinée ; il faut la subir.

  1. Partie adverse du comte de Morangiés ; voyez tone XXVIII, page 479.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Il s’agit des Lois de Minos.