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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/175

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année 1772.

pour la comédie larmoyante, qui abrégera mes jours. Je ne vous en aime pas moins ; mais je pleure dans ma retraite, quand je songe que vous aimez à pleurer à la comédie.

Tendres respects à mes anges.

8620. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE MEYNIÈRES[1].
À Ferney, 9 septembre.

Un vieillard presque octogénaire, madame, tout accablé qu’il est de maladies, n’a pu recevoir des marques de confiance de monsieur votre fils et lire son excellent mémoire sans se ressouvenir du mérite de madame sa mère et des bontés dont elle l’a honoré autrefois.

Recevez mes très-sincères compliments sur votre nouvelle union, qui doit faire deux heureux, si le mot d’heureux est fait pour les pauvres mortels. Vous vivez avec l’homme du monde le plus estimable, et loin des tracasseries de Paris[2]. Si avec cela le bonheur n’est pas chez vous, il n’est nulle part. Il y a plus de vingt ans que j’ai trouvé dans la retraite ce bonheur après lequel tout le monde court dans les villes.

Je vous souhaite surtout, à M. de Meynières et à vous, une bonne santé, sans laquelle il n’y a rien. Je ne l’ai jamais eue, cette santé si nécessaire ; j’ai vécu pour souffrir ; ainsi, ce que j’appelle mon bonheur n’est que ma consolation.

J’ai bâti une espèce de petite ville ; j’y ai fait venir une colonie ; j’y ai établi des manufactures, et puis j’ai dit : Tout est vanité. Mais ce qui n’est point vanité et ce qui pourrait nourrir en secret la mienne, c’est la lettre dont vous honorez ce pauvre malade, qui présente ses respects à monsieur et à madame.

8621. — À M. DESBANS[3],
ancien capitaine de dragons, à nîmes.
Au château de Ferney, 9 septembre.

Un vieillard octogénaire, très-malade, mais toujours sensible au mérite, a reçu depuis peu une brochure très-agréable, accompagnée d’une lettre très-ingénieuse, sans savoir par

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Sur la présidente de Meynières, voyez la note, tome XL, page 67.
  2. À Chaillot.
  3. Copié sur l’original, de la main de Wagnière.