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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/239

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année 1772.

On ne jugera, je crois, le procès Minos que dans dix ou douze jours.

Voulez-vous bien avoir la bonté de faire rendre cette lettre à M. d’Argental ? Vale.

P. S. Je viens d’avoir le Bonheur, d’Helvétius ; c’est un livre. Je croyais que c’était un petit poëme à la main. Je vous demande pardon.

8693. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
27 novembre.

Vous savez, messieurs du comité, que Boileau, dans son Art poétique,


D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir ;


or, dans la première scène du second acte[2],


Je ne te réponds pas que ta noble fierté…


noble n’est pas le mot propre, c’est dure, c’est sauvage ; ajoutez que le mot noble est déjà deux fois dans cette scène.

Je n’aime point, dans la seconde scène de ce deuxième acte :


Ainsi le fanatisme et la sédition
Animeront toujours ma triste nation.


Ce n’est que répéter ce qu’on a dit au premier acte ; il faut, dans toute cette scène, quelque chose qui annonce un changement, soit grand, soit petit. Je trouve fort mauvais que, dans cette scène, Dictime dise :


· · · · · Quoi ! le conseil l’appuie !


Il le savait bien, et il ne doit pas s’étonner d’une chose qu’il a vue et qu’il a dite. Voici donc mes changements, que je tiens absolument nécessaires, et que je supplie mon comité de recommander au tripot, fût-ce pour la seconde représentation, si malheureusement on a déjà joué la pièce.

Je recommande à vos bontés mon petit mémoire.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Des Lois de Minos.