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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/256

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CORRESPONDANCE.

8708. — À M. D’ÉTALLONDE DE MORIVAL.
12 décembre.

Un vieux malade de quatre-vingts ans a reçu, monsieur, votre lettre du 23 de novembre, et sur-le-champ j’ai remercié le roi de Prusse de ce qu’il voulait bien penser à vous. J’ai pris la liberté de lui dire combien vous méritez d’être avancé[1], et que sa gloire est intéressée à réparer les abominables injustices qu’on vous a faites en France. Le mot d’injustice même est trop faible ; je regarde cette atrocité comme un grand crime, et tous les hommes éclairés pensent comme moi.

Je suppose que vous m’avez écrit par la voie de M. Rey d’Amsterdam. Je me sers de la même voie pour vous répondre, et pour vous assurer que vous me serez toujours cher par votre malheur et par votre mérite. Permettez-moi de ne point signer, et reconnaissez-moi à mes sentiments.

8709. — À M. SAURIN.
À Ferney, 14 décembre.

Votre femme doit voir en vous
Le modèle des bons époux,
Le modèle des bons poëtes :
Si les enfants que vous lui faites
De vos écrits ont la beauté,
Nul homme en sa postérité
Ne fut plus heureux que vous l’êtes.


Je prends la liberté d’abord d’embrasser madame votre femme, pour qui vous avez fait cette jolie épître qui est à la tête de cette jolie Anglomanie[2] : et puis je vous dirai que cette pièce est écrite d’un bout à l’autre comme il faut écrire, ce qui est très-rare ; qu’elle est étincelante de traits d’esprit que tant de gens cherchent, et qui sont chez vous si naturels.

Ensuite je vous dirai que dès que l’hiver est venu, les neiges me tuent, et qu’il faut alors que je reste au coin de mon feu, sans quoi je viendrais causer au coin du vôtre. Je suis tou-

  1. Lettre 8704.
  2. La comédie de Saurin, jouée le 23 novembre 1772, et imprimée sous le titre de l’Anglomanie, avait été jouée en novembre 1765, et imprimée sous le titre de l’Orpheline léguée.