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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/27

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ANNÉE 1772.

à deux âmes qui courent risque de perdre leur innocence baptismale si le saint-père n’y met la main[1].

Je sais que le pape est intra et extra jus. Je sais que vous êtes plein de bonté, et que vous favorisez, autant qu’il est en vous, les sacrements et les amours ; j’entends les amours légitimes.

Quoi qu’il en soit, et de quelque manière que la requête des deux amants soit reçue, je supplie Votre Éminence d’agréer le respect et le tendre attachement du vieux malade de Ferney.

Que je vous trouve heureux d’être à Rome ! On dit que plupart de ceux qui sont à Versailles et à Paris enragent.


mémoire qui accompagnait cette lettre.

Philippe-Antoine de Claris de Florian, ancien capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, pensionnaire du roi, né à Sauve en Languedoc, diocèse d’Alais ;

Et Lucrèce-Angélique, fille de Jean-Antoine de Normandie et de Lucrèce-Madeleine Courtonne, née à Rotterdam ;

Tous deux majeurs, et sans père ni mère, veulent s’épouser.

Le sieur de Florian est catholique ;

Lucrèce-Angélique est protestante ; mais elle consent de se confesser et de se faire instruire, pourvu qu’elle se marie avant d’être instruite, espérant que la grâce descendra sur elle, et que le mari fidèle convertira la femme infidèle.

Elle a eu le malheur d’épouser ci-devant un calviniste[2] à Genève ; mais elle a obtenu un divorce selon les lois de Genève, et est libre.

Ils sont tous deux dans le diocèse de Genève, sur terre de France ; ils demandent une dispense de Sa Sainteté pour se marier.

8468. — À MADAME LA PRINCESSE ULRIQUE[3],
reine de suède.
À Ferney 31 janvier 1772.

Madame, le roi votre frère a daigné me faire savoir avec quelle bonté vous avez daigné lui parler de moi. Plût à Dieu que je pusse achever ma vie à vos pieds et aux siens. Je n’ai jamais tant regretté Berlin que lorsque Votre Majesté y est réunie avec son auguste famille. Elle doit y jouir de tout le bonheur que la tranquillité peut ajouter à la gloire. Sœur d’un héros et mère d’un


  1. Le saint-père refusa d’y prêter la main ; on s’en passa. Le mariage se fit devant un ministre luthérien ; voyez lettres 8508, 8533 et 8628.
  2. Théodore Rilliet, que Voltaire a fait figurer sous le nom de Grillet dans la Guerre de Genève ; voyez tome IX, page 527.
  3. Éditeur, V. Advielle.